Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

6 novembre 2010

Mon copain l’écureuil

Filed under: animaux, insectes...,mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Martine @ 10 h 41 min

C’est sûrement faux. Mais tous les ans j’ai l’impression de le retrouver. A peine arrivés, premier réflexe: lever les yeux, chercher dans ce jeu inextricable des branches une tache rousse. Les pins ont pris des coups depuis la dernière grosse tempête. Les routes aériennes de mon petit copain se déplument, se cassent, s’interrompent brutalement. De très vieux arbres sont abattus. Ce premier jour: pas la queue d’un écureuil. Le lendemain non plus. Un peu triste, je me promène, le nez en l’air, le guettant . L’oreille captant maintes trilles, gazouillis, ricanements de mouettes ( le Bassin est si près), je caresse le vernis des arbousiers, les plumes d’herbes sèches, ramasse une pigne aux écailles largement épanouies ( tant mieux, cela signifie beau temps en perspective). Mes pas me conduisent derrière un vieux bâtiment où prospèrent de splendides faux acacias. Soudain!, grand remue-ménage au dessus de ma tête! P’tite boule de fourrure court, froisse les feuilles… puis pile, se retourne , se tapie.  Et alors là, furieuse, la petite bête tempête, invective l’importun  qui se cache parmi l’ ombre émeraude. A qui s’adresse ce chapelet d’injures? Remontant la branche , je découvre une …. tourterelle. Moire nacrée, grâce indifférente, cette gente demoiselle regarde le temps passer; ou suit des yeux la neigeuse liberté d’une aigrette garzette. Mon râleur souffle, couine, grogne encore un peu puis,  zou! file aussi vite qu’il était arrivé. Sans doute à la recherche d’un endroit mieux fréquenté. Un lieu où l’on sait respecter l’intimité des dîneurs! Non mais quel sans gêne ces oiseaux! Pfffff! Comme d’habitude, le suivre n’est pas évident. Petit éclair se faufile, saute, s’agrippe, se retourne, change d’avis ( on se demande bien pourquoi), repart en sens inverse, bifurque, s’envole littéralement. Pas d’ailes l’écureuil? Ah bon, ça ne m’avait pas frappé. :). Abandonnant la relative fraîcheur des robiniers , le voici à présent agrippé à l’écorce rude d’un pin. Il monte, puis redescend, vertigineux, leste à vous donner le tournis! Sans crier gare , se pause enfin, séduit par une friandise . L’occasion est belle d’immortaliser cet instant. Déjeunant, tranquille, ce qu’il est adorable au soleil de septembre.  A la fin du repas, il me dévisage. Puis affiche son côté soupe-au-lait. Dressé , petit coq de la pinède, il exhale son agacement. Décidément, on est plus chez soi! Inspirée, je commence à lui parler avec douceur. Monsieur de la Fontaine , pardonnez mon offense. Je me réapproprie la fable du corbeau et du renard: »  Et bonjour Monsieur l’écureuil! Que vous êtes joli! Que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre fourrure se rapporte à votre verbiage, vous êtes le phénix des hôtes de ce bois! ». A ces mots, mon grincheux se statufie. Il écoute, semble boire mes paroles. Cela dure une ou deux minutes… une éternité!

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Chaude après-midi-

Curiosité écureuil

Charmant face à face.

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5 novembre 2010

Les champignons

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Martine @ 4 h 30 min

Rendez-vous du vendredi pour le défi du Coucou du haïku:

http://www.over-blog.com/com-1172092675/Le_coucou_du_haiku.html.

1

Bambins aux joues roses-

Poussant tels des champignons!

Pantalons trop courts!

2

Tanka:

Lever à l’aurore-

Treillis, couteaux, bâtons, bottes…

Tenue de combat

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N’oubliez pas les paniers!

Cueillette de champignons.

3

Il pleut mais qu’importe-

Piqué, griffé par les ronces

Pour un plat de cèpes!

4

Brumes et sous-bois-

Champignons ou feuilles mortes?

Regards scrutateurs.

5

Plaines ou montagnes-

Sanguins, catlans, rousillous…

Délicieux lactaires.

6

Un rond de  sorcières- 

Entre les herbes brûlées

Fins boutons de guêtre.

7

Pan! Paf! sous les rires-

Vesses de loup massacrées

Nuages verdâtres.

8

Belles amanites-

Chapeaux rouges piqués blanc

Où sont les Schtroumpfs?

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catlans: au lieu de catalans: expression de mon père

boutons de guêtre: délicieux petits champignons de montagne: Marasme des Oréades

MMR ( tous droits réservés)

3 novembre 2010

Joli printemps

Hier, je parlais de mes massifs si jolis, amoureusement réfléchis, préparés. Ayant une préférence pour les effets de masse, habituellement je plante, par exemple, cinq ou six jacinthes à la même robe parmi des pensées choisies pour leurs contrastes. Ainsi de suite, un peu partout dans le jardin. Mais cette année-là, mes moyens étant un peu justes, les promotions furent LA solution économe. En général, c’est un peu la loterie. Cela peut réserver de magnifiques surprises; ou bien, une désolante palette; des bulbes trop jeunes n’offrant que des feuilles! Attendre, rêver tout l’hiver pour, en définitive, n’admirer que…du vert, des rouges parsemés d’un zeste de jaune et un pauvre rose solitaire. Frustrant! Anticipant, supputant de belles promesses, je suivais avec espoir la montée des boutons. Puis ils commencèrent à virer et la ‘couleur fut »! :). Toutes les hauteurs; à grosses ou à petites corolles, simples ou doubles; certaines légèrement parfumées; teintes acidulées de sucettes cerise ou berlingots citron, sucre d’orge orange et grenadine… délicatesse de tendres chamallows. Beautés gourmandes où mon imagination  fantasmait, salivait, se réjouissait les yeux et l’âme… Huuummmm! Et que Dame taupe a trouvé bien savoureuses elle aussi! J’espère que le printemps 2011 s’ approchera de celui de 2009.

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Entre deux averses-

Froufrous, jupons, crinolines…

Tulipes aguicheuses!

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2 novembre 2010

Anémones

Samedi affairé! Nous avons visité, quasiment toutes les jardineries du coin.  Le printemps dernier avait été un peu tristounet. Une taupe s’étant pris d’une folle attirance pour mon petit paradis. Le massif face à ma salle de séjour, et la longue plate-bande qui le prolonge, ressemblaient aux tranchées de Verdun. Aussi, puisque cette dernière s’en est allé voir ailleurs si les bulbes sont bons, j’ai fait chauffer plus d’un tiroir-caisse! :).  Plants, graines , oignons de tulipes et d’iris hollandais… anémones. Celles-ci se ressèment un peu partout dans la pelouse. Cela complique beaucoup pour passer la tondeuse ( déjà avec les orchidées indigènes! :)). Mais c’est si  joli! J’ai admiré ceci à cinq cents mètres de chez moi. Somptueux! Bien sûr, quel rêve cette débauche joyeuse. Je m’y suis prise trop tard. Plus que deux petits sachets. Quarante griffes ( si elles sont toutes en excellent état). Bien loin du compte.  C’est un début . Elles seront jetées autour du tronc de l’olivier pour le côté naturel.  Il faudra attendre  la fin du printemps pour juger .

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Folie printanière-

Tapisserie anémones

Sur gazon fringant

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29 octobre 2010

L’horloge

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Martine @ 7 h 17 min

Pour le rendez-vous « du coucou du haïku »

http://www.over-blog.com/com-1172092675/Le_coucou_du_haiku.html

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Vendredi sonnant-

Au coucou du haïku

Lever de rideau

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Tic-tac monotone-

Cœur précieux bat la mesure

Enfant impatient

……….

Horloge muette-

Oh zut! Panne de paupières

Lever affolé

………..

Minuit va sonner-

Des bras du Prince amoureux

Cendrillon s’enfuit

……….

En retard Alice-

L’œil sur sa montre gousset

Lapin blanc courant

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25 octobre 2010

Fuite

Lorsque l’azur voile son bleu souriant. Que le matin s’habille frileusement de diamants…. L’automne s’avance , rougissant de déloger l’été aux sandalettes dorées.

Caresse automnale-

Intrus sur le chèvre-feuille?

Régal pour l’oiseau

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Doigté précieux et inspiré, palette aux infinies nuances, la Nature s’en donne à cœur joie. Folie créatrice où le beau se fait gourmandise .

Gâterie sucrée-

Étourneaux au rendez-vous

Menu laurier tin

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Au cours de ma promenade, mon regard ne se lasse pas d’apprécier des contrastes tels que ce carmin veiné de curry réchauffant la hardiesse d’un  vert encore gaillard;  ou encore cet olive essoufflé soutaché de pourpre que rouille un reste de pluie; de savourer la fanfare bleu noir de jolies petites baies fort appréciées de la gent ailée.  De temps à autre, mes yeux fureteurs scrutent l’herbe à la recherche de l’inattendu. Nichée sur un plantain, une tache brillante capte mon attention. Un fruit minuscule, indice d’une razzia sur la haie? Maladroits, les oiseaux en parsèment le jardin. Le « fruit » bascule légèrement en avant. Accroupie je découvre un insecte au manteau nuit profonde. Chacun de ses gestes accroche la lumière, l’irise de bleu métallique.  Ravissant coléoptère.

Déjeuner paisible-

Douillettement installé

Chrysolina broute

Méticuleusement, il découpe, cisaille sa feuille de bel appétit. Qu’il continue paisiblement. Je n’irai pas lui disputer sa salade. Le voici qui cesse brusquement, m’offre son dos. Susceptible,  l’animal n’apprécie pas  de manger en public? Il étire une patte, genre  » Allez!Allez! Du vent! Laisse z-moi tranquille! ». Bon! Bon! J’ai compris le message.  Je vais pour me relever mais suspends mon mouvement de retrait. A présent, il s’agite de plus en plus, tourne sur lui-même.  Remuant les antennes, les baissant, il se démène, se trémousse, frotte ses pattes arrières.  Se tourne à droite, puis à gauche. Que lui arrive-t-il? Une bouchée qui a du mal à descendre?

Zéphyr bon enfant-

Danse chrysolina bleu! Danse!

Rythme décousu

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Captivée, suivant l’étrange manège de mon danseur, je  tente de comprendre le sens de cette chorégraphie décousue. Et puis… et puis je distingue d’infimes ombres autour de mon énervé. Ce sont des fourmis quasiment imperceptibles. Leur gîte a peut-être été malmené par le poids de ce gros maladroit. Furieuses, elles l’attaquent.  Mon lourdaud se démène comme un beau diable. Finalement, il décide de prendre la fuite.

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Midi triste mine-

L’estomac dans les talons

Chrysolina fuit

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24 octobre 2010

Au soleil

Filed under: mes oeuvres,mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Martine @ 4 h 06 min

Au chant des cigales-

Déférents les tournesols

Salut au soleil

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Leurs pensées or safrané

Crient sans doute: « Nous avons soif! »

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22 octobre 2010

Châtaigne

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Martine @ 5 h 45 min

Nouveau défi du vendredi pour le « coucou du haïku »:

http://www.over-blog.com/com-1172092675/Le_coucou_du_haiku.html

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Coin de rue venteux-

Au cri « Chauds! Les marrons chauds! »

Se tendent les mains

……….

Vent! Reste dehors!-

Châtaignes sur lit de  braises

Chaleur parfumée

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Tapis de châtaignes-

Cruels coussins épineux

Mais langues gourmandes

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20 octobre 2010

Lendemain de fête

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Martine @ 8 h 29 min

Tanka

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Au concert Grillons-

Bal costumé de rigueur

Menuet élytres

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Des friandises à gogo

Fêtard endormi sur pattes

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17 octobre 2010

Machaon

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns...,papillons — Martine @ 10 h 15 min

Mon plaisir journalier. Quelques pas erratiques, sans but, pour profiter de la chaleur du soleil… Laissant dériver mes pensées, tout là-haut, parmi ces ventres  cotonneux qui se prélassent dans l’azur… Suivant les arabesques joyeuses des hirondelles, le  nez au vent d’une gourmandise de fines découvertes…

A l’abri du vent-

Doux sommeil métamorphose

Attente fébrile.

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Entre les petites lueurs framboisées d’une sauge ( salvia grahamii) et les iris racornis de soif , un grand fenouil prend ses aises. J’aime son parler anisé qui chuchote des douceurs à la moindre caresse du vent.  Entre ses bras rigides et protecteurs, je remarque une petite masse d’un vert se confondant au sien: une chrysalide. Que cache cette intrigante coque? Patience Martine, patience… Je me promets de surveiller cette Belle au Jardin dormant …  Le lendemain, plus rien. Rendez-vous manqué…

Soleil paresseux-

La Belle sur lit anis

Rondeurs se bronzant

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Le Temps s’étire dans l’été occitan.  J’ai oublié. Mais un matin ,  que vois-je s’étirant paresseusement sur son ombellifère favorite? Une magnifique chenille en robe chamarrée. Elle a croqué le jade de foeniculum vulgare. L’a agrémenté de passementeries noires, de picots oranges.  Un soupçon de citronné rehausse le piment du costume. Gaultier , Christian Lacroix  ont une concurrente Tom Pouce!! Quelle splendeur! Étirant un fourreau précieux, digne des plus folles soirées  du carnaval de Venise, elle va…. grignote un brin, hésite sur un écueil invisible… puis rampe un peu plus haut vers un désir, un vide couleur de ciel… .

Agreste bonhommie-

Gymnastique matinale

Bottée fine soie

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Près du chèvre-feuille où s’évapore une dernière senteur musquée, croît un second panache fleurant bon l’anisade. Alter ego plus sombre, une  élégante racée s’abandonne aux bras de Morphée.  Ce matin, encore, j’ai espionné un de ces silences gainés de crêpe . Pas un spasme sous la morsure du Cers. Pas un frémissement sous la pluie qui s’annonce. Mes phantasmes affabulent, se glissent dans ses songes… Poudrée de vanité la chenille vole déjà, s’accapare zéphyr . De nectar en sirop, elle plane, se fait appeler il. Majesté machaon courtise le soleil!

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Destin aérien-

Butinant de fleurs en fleurs

Prince machaon

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