Agreste territoire où fleurit la scabieuse, le petit champ m’offre bien des émotions. Coups de théâtre, embûches, amours lilliputiennes, disputes, poses relax… que de vie à l’enclos de mes murs.
A chaque retour du printemps, je guette l’apparition d’une étrange floraison. Il s’agit d’un salsifis indigène au nom un brin pompeux: le tragopogon porrifolius.
Au soleil d’avril
Une étoile resplendit
De tous ses pétales
Entre dix heures et midi
La fleur joue les starlettes
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Chaque mois, chaque saison apporte son lot d’attendu ou d’étonnement. Cette zone, à l’ombre de la maison une bonne partie de la journée, est le lieu le plus humide du jardin. La terre argileuse accueille bien des graines voyageuses. En plus des orchidées ( dont j’ai souvent parlé ici) s’épanouissent de nombreuses inconnues jaunes. Mais aussi myosotis, marguerites, lins, violettes ( au ras du trottoir), millepertuis, et une multitude de scabieuses ou knautia. Cette dernière est très appréciée des insectes. C’est un ballet continu d’abeilles*, mouches, papillons**, coléoptères***…
Pris par cette folie de s’abreuver et de butiner, quelques visiteurs terminent leur quête sous les crochets d’une araignée en embuscade. C’est la vie. Cela me permet des découvertes magnifiques comme celle d’un lépidoptère très discret: une sésie. Peut-être celle de l’oseille?
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L’été joue également sur son piano à queue d’hirondelle la gamme infinie de la couleur rose. Une ravissante sauvageonne étoile de rose vif la pelouse indisciplinée. Centaurium erythraea . La petite centaurée tend vers la lumière de juillet ses bouquets faits.
Et puis et puis, n’oublions pas les alliums comme le poireau sauvage et l’ail. Leurs clochettes embaument le miel frais et séduisent aux aussi une foule élytres et antennes.
Ces plantes fructifient grâce au vent et au va et vient de la microfaune. Leurs fruits attirent à leur tour la gente ailée en bec et plumes. Les chardonnerets sont friands de graines de scabieuses.
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MMR ( tous droits réservés)
**papillon blanc: melanargia galathea: le demi-deuil
papillon roux: pyronia tithonus: l’amaryllis
***coléoptère: un oedemère
Sur les têtes d’allium:
*au centre: une abeille sauvage : tête et abdomen noirs, thorax beige: non identifiée
à droite: guêpe eumène: delta unguiculatum. Non agressive. Gros hyménoptère, qui une fois son nid construit à l’aide de terre et de salive, pondra son œuf. Y sera joint des chenilles paralysées dont se nourrira la future larve.
à gauche: guêpe noire avec une bande rouge sur son long abdomen: peut-être un pompile: gros mangeur d’araignées.