Un jour de pluie, où je m’ennuyais, ma mère m’a dessiné une petite tête. J’avais quatre ou cinq ans. Les mots art, création n’avaient aucune signification pour moi. Mais je réalisais que du rien, du blanc de cette feuille pouvait naître quelque chose. A partir de ce jour j’ai cherché à reproduire ce que je voyais avec un plaisir, un besoin toujours grandissant.
En 1975, à Aix en Provence, la rencontre avec le peintre Daniel Ripoll va être déterminante pour la pratique de mon art. J’admirais les glacis de ses magnifiques huiles, mesurant tout le chemin à parcourir pour approcher son niveau. Il me demanda « Vous connaissez le Pastel sec ? » « – Seulement de nom » « – Vous devriez essayer. Cette technique convient particulièrement aux femmes, à leur sensibilité. » Il me fit traverser le Cours Mirabeau pour me montrer dans un magasin ce matériau dont j’ignorais presque tout. L’achat d’une dizaine de bâtons allait être une découverte fabuleuse. Après moult tâtonnements, recherches, expériences je devins une pastelliste convaincue.
Mon goût pour la touche libre des impressionnistes, la palette violente et contrastée des fauves, s’est nourri jusqu’à plus soif de l’étude de leurs oeuvres. Les empâtements de Van Gogh , un exemple venu tout naturellement sous mes doigts, ont été une ligne directrice jusqu’à l’an dernier où le pointillisme s’est imposé à son tour. Je me laisse aller à cette évolution qui permet à la lumière de vibrer, de chatoyer voluptueusement. Mais la palette, elle, reste fidèle à la chaleur, les ombres et lumières des peintres de l’école Provençale: Olive, René Seyssaud, Monticelli, Chabaud et plus contemporain Ambrogiani … Les sujets, au début, allaient dans tous les sens: natures mortes, paysages Aixois, nus, animaux, fleurs.
Un peintre amateur m’a poussée dans la direction de l’huile pendant un temps. Il a aidé de ses conseils, assez classiques sur le fond, la brouillonne et novice que j’étais, m’a prise sous son aile pour une première exposition. C’était au Salon de Carry Le Rouet en Juillet 1975. Puis les chemins de la vie m’ont entraînée ailleurs, sous d’autres cieux, plaines ou montagnes . Une nouvelle rencontre de quelqu’un qui n’avait rien à voir avec le monde de l’art orienta de nouveau ma vie, me mit le pied à l’étrier en m’inscrivant, à mon insu, dans une exposition de village . Panique! Puis excitation, stress mémorable et réussite grâce à l’aide de mon mari ( mon premier et principal sponsor), et ce public qui acheta et m’aida à démarrer ma « carrière ». A partir de ce jour je ne cesserai plus.
Au hasard d’une promenade , en 1980, j’entrais dans un restaurant-galerie: l’Occitadelle à Montségur , au pied du célèbre Pog des Cathares. Georges S., son propriétaire, m’invita à exposer sur ses cimaises, auprès de professionnels et d’amateurs de talent et m’aida à trouver mon nom d’artiste.
En 1982: premier Salon des Arts à Quillan auquel je resterai fidèle pendant dix ans. La naissance de ma fille freinera un peu ma créativité mais ne l’arrêtera pas. Mes pas me conduiront un peu partout dans l’Aude, l’Ariège… En 1995, une charmante antiquaire-galeriste, Andrée H. m’offrit ma première grande exposition personnelle. Ma route croisa celle d’une artiste-poète devenue une amie: Susy D. . Celle-ci laissa un dossier de participation à un grand concours de peinture à Blagnac ( Toulouse) sur le thème du voyage . Andrée me poussa à participer. Sceptique, j’acceptai de présenter une oeuvre représentant une péniche sur le Canal du Midi. Surprise coup de cymbales: j’obtins le Grand Prix du Jury pour mon pastel, à l’unanimité moins une voix. Une récompense , à la suite de celle obtenue au Salon des peintres du Lauragais de Castelnaudary, en mai, qui me donna un beau capital confiance. Assez pour écouter un couple d’amis m’encourageant à viser plus haut: Un Salon International: Le Salon des Artistes Français à Paris, en 1998. Je n’oublierai jamais cet immense service de mon ami Hubert qui prit mon pastel, le porta au Salon, puis le récupéra et le redescendit dans le sud où nous vivons. Une expérience m’offrant de grandes opportunités, de riches contacts, un nouvel élan; un reportage sur quatre pages dans le magazine « Artiste » en Mai 2000.
Salons de province ou internationaux, expositions de groupes ou personnelles se succèdent tous les ans apportant une récompense, des propositions d’expositions, d’agréables rencontres. Des découvertes telles que « Le Chemin des Artistes » en Haute Vallée de l’Aude ou encore « L’Art s’invite à Magrie » et « Toques et Clochers » autour de Limoux.
Le 27 novembre 2007 je fis lire à une de mes soeurs ainsi qu’à mon meilleur ami, un texte sur l’eau, datant du Lycée. Leur réaction enthousiaste me poussa à écrire. Une nouveau monde, inconnu, excitant,vint compléter, enrichir ma peinture. A « l’Art s’invite à Magrie » je rencontrai Marie-Andrée Balbastre, présidente de l’association de poésie Terpsichore. Marie-Andrée tient une rubrique dédiée aux arts sur une radio locale et m’invita pour une interview à propos de ma peinture. Découvrant que j’écrivais un peu, elle décida de parler aussi de poésie. Elle rendit public mon côté écriture. J’entrais dans son association, rencontrais des gens adorables, des talents aussi riches que divers dont Monsieur Philippe Lemoine, Président de « Les Mille Poètes Aude » qui m’offrit 6 pages dans son anthologie n°2; Madame Christine Clairmont fondatrice de l’association ACALA, en Ariège, me commanda un Pastel pour la couverture de son prochain livre de poésie « Le murmure d’une brise si légère »; Monsieur Henri Laleman Président de « Les Auteurs d’Occitanie » qui m’a fait l’honneur de quelques précieux conseils. La manifestation annuelle de Magrie me mit aussi en contact avec une autre personne talentueuse: Monsieur Jacques Noël, Président de l’association « Les mots Les Couleurs ». Jacques m’invita à participer à son café-poésie mensuel ainsi qu’ à son concours annuel national où j’eus la fierté d’être récompensée.