Vous êtes certainement nombreux à pouvoir fredonner ce refrain de la chanson de Georges Brassens « Une jolie fleur »
Un’ jolie fleur dans une peau d’vache,
Un’ jolie vach’ déguisée en fleur,
Qui fait la belle et qui vous attache,
Puis, qui vous mèn’ par le bout du cœur…
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Cette magnifique touffe de fleurs ( dont j’ignore le nom) était éblouissante en cette fin juin. Chaque jour de nouveaux boutons s’ouvraient à la vie bourdonnante et zonzonnante.
J’admirais la finesse des pétales, leur délicatesse, leur beauté si virginale. Oui, mais voilà…
Un matin, début juillet, je découvris un moro sphynx, suspendu par la langue, inerte. Tristesse. Ce sont hélas des choses qui arrivent. Peut-être qu’une araignée crabe était là, embusquée? Peut-être que ce papillon était tombé sur plus rapide que lui? Depuis des années, je les regarde voler de lavandes en sauges, de verveines en valérianes; et sur tant d’autres fleurs. Leur vol stationnaire, à la manière des colibris, est si facile à identifier. La vie au jardin est semée d’embûches… je passai mon chemin et oubliai le malchanceux…
Mi-juillet, de nouveau, même scène navrante. Par contre, cette fois l’insecte était vivant et se débattait comme un beau diable!
Ayant complètement oublié la mésaventure de juin, je l’observai un moment. Est- ce que cela était normal? Y avait-il là une stratégie de la fleur pour mieux perpétuer ses gènes? La nature montre tant d’imagination de par le monde en ce domaine. On voit ici une abeille, là une mouche, retenues contre leur gré pendant plusieurs heures, voire une nuit; puis libérées plus tard, sans aucun mal. Je retournai à mes occupations me promettant de revenir plus tard.
Mon repas étant sur les rails, le plat principal au four, je revins prendre des nouvelles du moro sphynx. Il était toujours là, bel et bien coincé. Cette fois, à force de se débattre, il s’était entortillé autour de la fleur. Ce n’était pas possible de le laisser ainsi. Tant pis pour les lois de la nature. Je décidai d’y mettre mon grain de sel. Tout d’abord tenter de tirer sur les pétales pour desserrer l’étreinte. Pas facile avec mon petit héros qui se démènait. J’avais peur de le blesser. De temps à autre, épuisé, il faisait une pause, A force de patience, j’arrivai à déchiqueter le long col de la fleur, à arracher trois des quatre pétales. Enfin, le prisonnier était libre. Pantelant, il lui fallut quelques minutes pour retrouver ses esprits, réussir à rembobinner sa longue trompe.
En deux jours, j’ai sauvé trois moro sphynx ( je n’ose penser avoir eu affaire au même, par trois fois ).
La plante continue à fleurir à petite vitesse. Mais plus de petits captifs . Les moro sphynx se tournent dorénavant vers les pérovkias, plus courtois.
MMR ( tous droits réservés)
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