Le démon de la chasse s’empare de moi. Le gros pied de lavande ainsi que celui de la santoline sont extrêmement prisés. Va et vient continu de butineuses, mouches, guêpes, papillons, etc, et… des araignées bien sûr! Me voici à fouiller du regard!
Un mouvement à peine discernable retient mon attention. Une petite tache, un fil ténu se balançant au vent. L’appareil photo me montre une minuscule araignée. S’accrochant et se déplaçant à la vitesse grand V, cette bébête est difficile à photographier. J’ai toutes les peines du monde à la suivre. Quelle acrobate incroyable! je la surnomme » Singe vert »! Habillée de vert amande, poilue de la tête aux pieds, une tache rouge orangée brille sur son dos, éclairée d’un soupçon de jaune vif. Cache-cache entre elle et moi. Car, nul doute, elle m’a vue. Dès que je m’approche un peu trop près,
zou! La voici qui file. Combien de photos floues, à côté, bonnes à jeter. Heureusement que mon engin est un numérique. D’herbes sèches en chiendent nerveux, de tiges en tiges de lavande, cette beauté se balade, se pose , plonge dans un trou d’ombre, rejaillit là où je ne l’attends pas. Elle cherche quelque chose mais quoi? Oui, j’ai trouvé: des ennuis! La veille ou l’avant veille, j’avais repéré une très grosse de ses consœurs. Même vert tendre, même pelage ( si on peut le définir ainsi ) . Celle-là, c’est une redoutable. Une ogresse qui capture pas mal d’abeilles . « Singe vert va se jeter directement dans ses bras si tendres, si accueillants! Planqué derrière plusieurs tiges, il avance lentement, une longue patte. Tâte avec précaution, délicatesse puis c’est le saut! Rapide, un éclair! S’ensuit une mêlée, une
lutte furieuse. Une vrai sac de nœuds tournant sur lui même, s’arrêtant, puis reprenant. Une patte pointe par ci, puis par là! Je n’entends pas de cris mais j’imagine les souffrances du pauvre petit. Cela semble interminable. En réalité, peut-être, une minute. Soudain, il tombe au bout d’un fil, toutes pattes serrées , comme un sac! Suspendu une ou deux secondes, sans réaction, il se reprend très vite, continue, nonchalant, vers… un coin au soleil. L’ogresse l’a relâché et s’installe commodément pour un prochain repas… qui ne tarde pas d’ailleurs! C’est bien connu. L’amour ouvre l’appétit! Car, c’est bien une scène d’amour que je viens de contempler et pas un carnage!
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