Ce matin là, le ciel est d’un bel émail éclatant. Les trilles du merle s’envolent à la rencontre du nouveau jour. Abeilles et insectes divers s’activent aux quatre coins du jardin. Tout semble se passer comme à l’accoutumée. Et pourtant, mon intuition me dit que c’est le jour J. Les jeunes mésanges bleues sont sur le point de sortir du nichoir. Mon mari est prévenu. Cette année, pas question que je rate cet évènement. Postée dans l’ombre de l’arbousier, l’APN à la main, je suis le va et vient des parents nourrissant leurs petits.
Les jeunes voix aigües sont fermes, excitées, exigeantes. Papa et Maman, décidément très méritants, font la navette entre les arbustes des alentours et leur bruyante descendance. Ils enlèvent également consciencieusement les « couches culottes ».
Puis, j’aperçois une tache claire à la porte du nichoir. Ce n’est qu’une silhouette timide et prudente dans l’ombre. Elle apparaît, disparaît. Est-ce toujours le même jeune? Ou bien est-ce la loi du « hôte-toi de là que je m’y mette! » Peu à peu, le plus hardi passe la tête. De leur côté, il me semble que les parents espacent les nourrissages. Perchés dans l’olivier, face au nichoir, ils appellent les petits. Que d’atermoiements , d’hésitations jusqu’à l’instant tant attendu où le premier prend son envol.
Une seconde petite frimousse se présente aussitôt. Timoré, l’oiselet prend son temps; finit par vaincre sa peur et rejoint son ainé. Quelques minutes s’écoulent lentement. A l’extérieur la famille appelle à grands cris les retardataires. Un des parents finit par retourner au nid pour accélérer le mouvement.
Un troisième jeune, bridant son appréhension, quitte l’abri sécurisé, se pose brièvement sur la pergola en poussant un cri vainqueur.
Fébrile, je mitraille, surveille la batterie qui semble donner des signes de fatigue. Et zut! Je cours chercher le vieil APN. Au retour, le concert d’appels continue. Ouf! je n’ai pas manqué la fin de l’histoire. Un des parents va chercher le cadet , décidément, très peureux. Les minutes s’étirent, interminables avant le grand saut.
Toute la famille est éparpillée dans les branches au dessus de ma tête. On fait toilette. On se remet de ses émotions. Papa et maman chassent et nourrissent. Cet instant mémorable aura duré presque deux heures.
Chaque jour je les écoute et les observe de temps en temps dans l’olivier, les arbousiers, le cerisier de ma voisine ou le vieux cyprès de l’autre côté de la rue.
. Ce couple de mésanges bleues nous a tenu compagnie depuis novembre en venant se nourrir à la mangeoire avec les autres oiseaux. En février, première inspection au nichoir. Vidé, nettoyé, désinfecté, celui-ci était prêt à recevoir une nouvelle couvée. Et il fût adopté sans problème. Quel bonheur que d’observer ces beautés de la nature.
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