Voici le souvenir d’une amie très chère. Elle nous le raconta, avec force mime et accent chantant audois. Elle possédait le don de nous faire rire, de remonter le moral à tout le monde! C’était une femme extraordinaire! Je l’aimais beaucoup.
Écrit le 14/07/2008
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Lucette, jeune provinciale,
Fraîchement débarquée à Paris,
Un jour, prise d’une fringale,
Se rendit à l’épicerie.
« Bonjour gentille demoiselle!
Que puis-je pour votre service? »
Intimidée, peu sûre d’elle,
Lucette se tortilla, au supplice.
« Il me faudlait du sucle en glains. »
L’homme la regarda, décontenancé.
« Un kilo de sucre en morceaux, hein? »
La pauvre fille persista.
« Je veux du…du…sucle en … en…glains.»
« Du sucre cristal ou en poudre? »
Se dandinant, pas rassurée,
Elle répéta d’une voix sourde.
« Beeen… Je voudlais du sucle en glains. »
L’épicier examina la gourde
Ne sachant plus quel saint prier!
Exaspéré, le pauvre homme
Montra poudre, morceaux, cristallisé.
Puis jurant, grommelant tout bas,
« Voici kilo ou petits morceaux. »
Lucette, ravie, pointa le doigt:
« Ben voilà! Du sucle en glains! »
Ouf! D’habitude, au village,
On comprenait ce qu’elle voulait.
Économe, en fille sage,
Elle achetait à pas comptés.
L’épicier s’exclama, de rage:
« Ici, on est civilisés!
Mais d’où sort donc cette sauvage?»
Mœurs et accents sont étrangers.
Serrant fort, le sucre, dans son poing,
Lucette, rougissante, s’enfuit!
Il faudra apprendre avec soin
A parler, à mimer les gens d’ici!
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