Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

2 février 2025

Nocturne

Pour la page 243 de l’Herbier de poésies, Adamante, nous propose d’écrire sur une de ses récréanotes. Ci-dessous ce que cette photo m’a inspiré:

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C’est une nuit estivale particulièrement chaude. Aenor se tourne et retourne dans son grand lit à baldaquin vide, si vide. Elle n’en peut plus et, excédée, tente de libérer ses jambes prisonnières des draps humides. En soupirant, la jeune femme se lève, va à la croisée grande ouverte.  Respirant profondément, tout en ôtant sa chemise devenue inconfortable, elle contemple le magnifique ciel marine.

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Nuit caniculaire-

au diable les dentelles

se vêtir de lune

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A demi cachée par le fin voilage soyeux n’occultant guère la fenêtre, sa nudité se pare de teintes bleues, rouges, violines. C’est irréel et fort seyant.  « Dommage de ne pouvoir se promener ainsi », pense-t-elle. Aenor imagine en pouffant la tête des gardes du château paternel.

Le pâle reflet argenté lunaire joue sur sa peau par tissu interposé. La princesse agite bras et cheveux telle une zingarelle* voluptueuse. Dehors, criquets et grillons rythment son balancé sensuel.

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Fantaisie nocturne-

trémoussements lascifs

la nuit pour témoin

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MMR (tous droits réservés)

* zingarelle: jeune tzigane, bohémienne.

Merci pour tous vos commentaires qui m’ont fait énormément plaisir.  J’aime parler de cette période du Moyen âge! 🙂

24 octobre 2021

Sortilèges et fantasmes

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , — Martine @ 5 h 14 min

Pour l’Herbier de poésies, ICI, Adamante nous propose d’écrire après avoir lu ou écouté « la sonate des trois messieurs » de Jean Tardieu  ICI

 

Le souvenir d’une journée chaude se dissolvait lentement  à l’horizon. Tandis qu’au cœur d’une aura indolente, la nuit étendait langoureusement ses voiles opalescents. Son toucher vaporeux lissait inlassablement l’eau du grand lac. Comme pour gommer  un monologue parasite.

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Friselis ténus-

Sur la vaste étendue d’eau

Nocturne pour harpe

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Une impression étrange montait, ondulait près de la surface. Le temps semblait se dilater extraordinairement comme un ballon près d’éclater. Puis se rétractait jusqu’au soupir  rose thé d’une âme extasiée.

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Sur le piano à queue

des cannes des roseaux

Légende aquatique

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Arpèges au goût astral unis à un sourire flottant.  Voici qu’à fleur d’eau ondoyait un visage inouï. Beau? Laid?  Déconcertant, c’était certain. Des yeux immenses, très allongés vers les tempes. Le nez droit et court.  La bouche? Ah cette bouche aux lèvres pleines, esquissant un sourire lascif, attirait et repoussait en même temps.  Était-ce un triton? Un atlante? Un extraterrestre? Une chimère née de cette heure entre chien et loup? La  réponse mourut sous les palmes d’un canard tapageur…

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Avant-nuit marine-

Sortilèges et fantasmes

Perdus corps et biens

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MMR ( tous droits réservés)

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