Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

2 novembre 2025

Le ciel ou le fruit?

Pour l’Herbier de poésies, Adamante propose à nos imaginations  la photo d’une œuvre d’Arnaud, le fils de Marine D

Adamante a une préférence pour la poésie japonaise (haïku, tanka, haïbun) ou, à défaut, de la poésie libre.  Ci-dessous, ce que la peinture d’Arnaud m’a inspiré:

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Le ciel ou le fruit?

Aenor hésite , regardant alternativement: à droite, sa robe en brocart de soie, un azur surbrodé de fleurs argentées;  à gauche, une merveille en mousseline de soie couleur pêche. Une vraie plume! Au contraire de la première, très luxueuse mais tellement lourde. Indécision! O ennemie!

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Le ciel ou le fruit?

indécis, le cœur balance

entre deux beautés

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Il y a bal ce soir au château. Le roi a décidé qu’il était temps de marier sa fille.  Aussi, Aenor  se doit d’être éblouissante, renversante, époustouflante! Elle a décidé d’éblouir  le beau Maric de Lasserre

Le ciel ou le fruit?

Au diable le luxe! La princesse, qui de tout temps privilégie sa liberté de mouvement ( au sens propre comme au sens figuré), adopte la légèreté de la robe rose

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Piège ensorceleur-

musique, sourire et

rouerie féminine

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MMR ( tous droits réservés)

 

26 octobre 2025

Brinztap

Pour la page 249 de l’Herbier de poésies,  Adamante nous propose d’écrire  en nous inspirant de sa photo ci-dessous:

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Petit, bedonnant, rougeaud, des yeux ronds et noirs, le nez court en trompette surplombant une large bouche aux deux tiers édentée, aussi chevelu qu’un œuf, tel est Brinztap, un fou de musique.

Ce nain, de la tribu des Brinz, vit un peu à l’écart des membres de son clan. Et pour cause: ces derniers ne supportent plus le vacarme que leur frère a le toupet de nommer mélodie.

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Musique! O musique-

nul n’est prophète en son pays

pauvre incompris

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Brinztap est une heureuse nature, invariablement gai, toujours prêt à rendre service. C’est le meilleur des compagnons. Tout le monde l’aime en dépit d’un terrible défaut: son amour immodéré de la musique. Enfin, si l’on peut nommer cela musique! Brinztap, à l’aide de quelques pierres, de formules magiques et d’un peu d’eau chipée à la source chantante, a créé un instrument bizarre, brillant, lisse, aux nuances changeantes de bleu sidéral. Celui-ci réagit au toucher plus ou moins prononcé de son inventeur. S’élèvent alors des sons tantôt aigus, stridents; tantôt caverneux, sépulcraux. Les yeux à demi fermés, Brinztap sourit de bonheur en composant son hymne à la vie sylvestre. Tandis que tout le monde se bouche les oreilles en lui hurlant d’arrêter le massacre.

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Sous les étoiles-

en compagnie des grillons

accords discordants

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MMR ( tous droits réservés)

12 octobre 2025

Cent fleurs étincelles

Pour la page 248 de lHerbier de poésies, Adamante nous propose d’écrire sur sa photo ci-dessous:

 

 

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La sorgue*, obligeante,

Tend au Maître du feu

Un parchemin occulte

Frémissant d’impatience.

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A lui d’ensemencer

Dans un berceau argent

Cent fleurs étincelles

Piquées de lucioles.

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MMR ‘ tous droits réservés)

* Sorgue: autre nom de la nuit

 

 

 

22 juin 2025

La fée Aconit

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , , — Martine @ 3 h 48 min

Pour la page 247 de l’herbier de poésies , Adamante, nous propose d’écrire en nous inspirant de son image ci-contre:

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Le soleil a déchiré les voiles de la nuit. Phébus impose sa marque, cisèle

de son glaive brûlant l’armée immobile des buissons épineux, efface les

ombres, débusque les secrets de la sorgue*

Matin estival-

merles, grillons et criquets

concert impromptu

La lumière révèle la trace sinueuse de P’tit gris  en quête de douce salade, une touffe de thym grignotée par Lapin, quelques cistes meurtris par la fuite d’un chevreuil.

Et puis… et puis… imprimée dans le granit du Roc du Castel, entre deux fissures, l’empreinte charbonneuse de la fée Aconit retient l’attention. Cette magicienne sonde les cœurs de tous ceux qui s’approchent des ruines de son château. Aussi promeneur, prends garde! Seules les âmes vaillantes et charitables peuvent passer sans danger A bon entendeur, salut!

conte du dimanche

que racontait  grand-maman-

Souvenir d’enfance

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MMR ( tous droits réservés)

*Sorgue: autre nom pour désigner la nuit

15 juin 2025

L’intrigue pour gouvernail

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , , — Martine @ 3 h 21 min

Pour la page 246 de  L’Herbier de poésies, Adamante, nous propose d’écrire en nous inspirant de son image ci-dessous:

Lubin et Auriane *, libérés de leur punition, profitent  à plein de leur liberté retrouvée. Ce ne sont pas les idées qui manquent pour s’amuser. Face à la ferme, la vaste cour encombrée offre maint repaires, abris et refuges pour l’indémodable jeu de cache-cache. Auriane, plus souple que son frère, peut se faufiler dans les recoins minuscules lui permettant de gagner presque à tous les coups. Ce qui fait bisquer son jumeau. Quelle jubilation pour la petite fille!

– Mauvais perdant! se moque-t-elle réjouie.

– Pfft! C’est même pas vrai!, se défend-t-il, boudeur.

– Allez! Ne fais pas ta mauvaise tête! A toi de choisir maintenant.

Rasséréné, car au fond, c’est une heureuse nature, Lubin propose de jouer au ballon. Auriane approuve tout sourire. Rapide, agile, elle espère bien triompher là aussi.

L’objet est plutôt rudimentaire.  Un jour particulièrement pluvieux, rendant le travail à l’extérieur impossible, leur père le fabriqua en assemblant quelques bouts d’un cuir usé. Il le bourra de foin sec, tassa le plus possible, consolida la sphère obtenue de quelques tours de ficelle, puis tendit le résultat aux enfants fous de joie.  Depuis lors, cette « balle » leur permet de se défouler, de dépenser leur trop plein d’énergie. Surtout après une journée telle que celle-ci à rester sagement cloitrés dans la maison.

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Fin d’après-midi-

plus rapides que le vent

enfants déchainés

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A toi! A moi! Les jumeaux se disputent la boule aux coutures irrégulières d’où s’évadent quelques brins d’herbes.  Le chien, surnommé Touffu,  n’est pas en reste pour participer en sautant et aboyant.  Soudain la balle fuse à une vitesse folle s’en allant heurter violemment l’arbre desséché à l’autre bout de la cour. Un AÏE!  caverneux jaillit de l’être moribond. Stupéfaits et intrigués, les enfants s’approchent et examinent, perplexes,  le tronc crevassé. L’intrépide Touffu  vient renifler la base de ce dernier, puis, estimant le danger négligeable, l’arrose avec indifférence.

– Y-a quelqu’un là-dedans? demande hardiment Lubin.

– Oui, gronde une voix mystérieuse, en même temps qu’apparaît un étrange visage noir d’encre, coiffé d’une feuille sèche.

– Lubin, ce n’est pas prudent. Ne t’approche pas trop, murmure nerveusement sa sœur.

– Qui es-tu? Comment es-tu entré dans l’arbre? questionne le garçonnet sans se préoccuper du conseil de sa jumelle.

– Je suis victime d’un sort lancé par le sorcier Bérard le nécromant.

– Nécro… quoi?

– Nécromant. C’est trop compliqué à expliquer à un enfant. Sache seulement que cet homme est cruel et redoutable.

– Ahi!** compatit Lubin.  Comment t’aider à sortir de là?

– Ce n’est pas à ta portée. Seul le vieux sage du chêne Rouvre en est capable. Le connais-tu?

– Moi, non. Mais notre père peut-être. Il sait tout.  C’est le plus fort du monde! Conclut-il avec fierté.

Lassé et sceptique, l’inconnu ne répond pas.

Excités par ce tour étrange que prend leur journée, les bessons filent aussitôt quérir les bons offices de leur géniteur.

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Le soleil descend

et la tension grimpe en flèche-

jeux et tremblements

deux enfants, un chien tout fou

l’intrigue pour gouvernail

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MMR ( tous droits réservés)

* dont j’ai déjà parlé ICI et ICI

** Ahi: exclamation médiévale exprimant l’embarras ou l’empathie.

2 février 2025

Nocturne

Pour la page 243 de l’Herbier de poésies, Adamante, nous propose d’écrire sur une de ses récréanotes. Ci-dessous ce que cette photo m’a inspiré:

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C’est une nuit estivale particulièrement chaude. Aenor se tourne et retourne dans son grand lit à baldaquin vide, si vide. Elle n’en peut plus et, excédée, tente de libérer ses jambes prisonnières des draps humides. En soupirant, la jeune femme se lève, va à la croisée grande ouverte.  Respirant profondément, tout en ôtant sa chemise devenue inconfortable, elle contemple le magnifique ciel marine.

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Nuit caniculaire-

au diable les dentelles

se vêtir de lune

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A demi cachée par le fin voilage soyeux n’occultant guère la fenêtre, sa nudité se pare de teintes bleues, rouges, violines. C’est irréel et fort seyant.  « Dommage de ne pouvoir se promener ainsi », pense-t-elle. Aenor imagine en pouffant la tête des gardes du château paternel.

Le pâle reflet argenté lunaire joue sur sa peau par tissu interposé. La princesse agite bras et cheveux telle une zingarelle* voluptueuse. Dehors, criquets et grillons rythment son balancé sensuel.

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Fantaisie nocturne-

trémoussements lascifs

la nuit pour témoin

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MMR (tous droits réservés)

* zingarelle: jeune tzigane, bohémienne.

Merci pour tous vos commentaires qui m’ont fait énormément plaisir.  J’aime parler de cette période du Moyen âge! 🙂

19 janvier 2025

Trinquons!

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , — Martine @ 5 h 27 min

Pour la page 242 de l’Herbier de poésies, Adamante, nous propose d’écrire sur une de ses récréanotes ainsi que sur la vidéo ci-dessous:

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Me voici un peu grise !

Un tourbillon d’opale

M’entraîne vif et gai

Dans sa magie sucrée.

Trinquons !

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Je faiblis, m’abandonne…

Entre ses bras velours,

Je contemple les étoiles

D’un monde onirique.

Trinquons !

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Une forêt de bras rouges

S’agite en cadence,

Sous la musique fine

De grillons extatiques.

Trinquons !

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Des personnages étranges

Dessinent des arabesques,

En chantant les louanges

De cette boisson suave.

Trinquons !

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Un cavalier d’argent,

Sur son cheval ivoire,

Parade fièrement,

Foulant un sol turquoise.

Trinquons !

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Une sombre sylphide,

À l’éclat métallique,

Agite les rubis

De ses pampres violines.

Trinquons !

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Je tourne et je rêve,

Au pays de Bacchus,

Un carnaval doré de

Chardonnay bien frais…

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MMR ( tous droits réservés)

Alors on danse, on chante et on oublie les laideurs du monde le temps d’une lecture!

🙂

27 octobre 2024

Chatteries et matous

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , — Martine @ 6 h 28 min

Pour la page 237 de l’Herbier de poésies, Adamante nous propose d’écrire sur une de ses récréanotes.. Ci-dessous ce que son œuvre m’a inspiré:

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La ronde des heures

Encagoulées de nuit

Contemple, silencieuse

L’étrange performance.

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Roulades, sauts et soins,

Coups de griffes et ronrons,

Miaulement à la lune

Sourde aux appels félins.

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C’est la fête aux minets

Harets et Mistigris.

Chaque chat chorégraphe

Sa fantaisie soyeuse.

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MMR ( tous droits réservés)

Merci pour tous vos commentaires très très appréciés. 🙂

14 avril 2024

La belle et la bête

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , , , — Martine @ 5 h 54 min

Pour la page 232 de l’Herbier de poésies, Adamante nous propose d’écrire sur un photo d’ABC

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Le soleil chauffe agréablement l’atmosphère d’une belle matinée d’avril. Les oiseaux, occupés à leurs amours, chantent dans tous les coins.

Édelinne avance lentement, profitant à plein de tous ses sens: les trilles et gazouillis, les couleurs des fleurs, les mille et une nuances du vert printanier et les parfums. Ah! Toutes ces odeurs sont si enivrantes après le long hiver. C’est une jeune brune aux yeux pervenche, grande, élancée, teint halé et joues roses, se moquant bien de sa beauté. La chevelure libre légèrement emmêlée,  elle se promène, droite et sereine, dans sa petite robe grise élimée aux poignets, balançant à bout de bras son panier  d’osier. Connaissant la forêt comme sa poche, la bachelette** chemine cueillant ici quelques agarics*, là de l’ail des ours, plus loin des feuilles d’oseille,  d’arroche***, de menthe et autres plantes aux vertus médicinales. De quoi préparer la soupe ainsi que des tisanes digestives et des emplâtres. Soudain, à droite, s’élève  du cœur obscur de noisetiers un gémissement.

– Qui est là? interroge-t-elle alarmée.

Seul un geignement lui répond. Immobile La jeune fille, tout en patientant, tente de percer cette ombre ténébreuse. Lorsque, dans un fracas de branches brisées, une patte griffue apparaît, suivie d’une grosse tête écailleuse aux yeux dorés brillant de larmes.

– Mais… qu’est-ce-que…  s’étonne Édelinne.

– Moi… avoir mal, se plaint en reniflant le nouveau venu.

– Un dragonnet! s’exclame la cueilleuse tout en s’élançant vers lui. Pauvret! Montre-moi. Ah! je vois une grosse épine plantée entre deux coussinets. Ne bouge pas. Hop! Voilà! C’est fini, sourit-elle, tout en lui caressant le sommet du crane.

– Merci, gronde le jeune animal. Moi… avoir dette, ajoute-t-il , découvrant deux canines  fort aiguisées.

– Je t’en prie. C’est avec grand plaisir que je rends service.

Le monstre juvénile tente deux pas prudents. Rassuré, il ouvre ses ailes translucides, puis s’envole gracieux et rapide. Édelinne le suit du regard, éblouie. Elle qui croyait cette race éteinte.

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douceur printanière-

parmi la nature en fête

la belle et la bête

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MMR ( tous droits réservés)

 

* agaric:  semblable à un champignon de Paris , mis à part que ses lamelles sont roses.

** bachelette: jeune fille ( au Moyen âge)

*** arroche: annuelle de la famille des épinards, cultivée depuis le Moyen âge jusqu’au 19 ème siècle .

2 avril 2023

Le saviez-vous?

Pour l’Herbier de poésies, ICI , Adamante, ICI ,  nous propose d’écrire  sur une de ses toiles

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Le saviez-vous? Il existe une planète entièrement dédiée aux végétaux. Si! Si! Ce n’est pas une galéjade. Je vous assure que c’est la plus stricte vérité. Pour preuve, c’est le vent printanier qui me l’a murmuré ce matin en caressant ma joue. Chaque fin mars, la brise parfumée saupoudre les jardiniers ( ainsi que tout amateur de nature) de notes florales jacinthes, narcisses, pruniers, violettes de Toulouse, primevères… Un enchantement olfactif. Un bonheur tout simple nous laissant délicieusement engourdis, le cœur empli de joie. Cette fois pourtant, à la différence des années précédentes, j’ai entendu, ou plutôt ressenti, une pensée insistante, comme une voix ténue au creux de mon oreille.

« Écouteeee… écouteeee… cet hymne azuré voguant de monde en monde

Apprennnds… apprennnds… la vérité cachée sous les siècles obscurs

Reçooois… reçooois… ces mots d’amour vibrants offerts sans retenue

Partageeee… partageeee… ce message d’espoir coloré de magie

Printemps est l’émissaire, le semeur prodigue né sur une boule d’énergie.  Planète minuscule aux franges de l’univers visible, Printania libère sans compter des flots d’ondes positives, de mots dorés, de sentiments tendres et féconds.  Ni masculin, ni féminin, son héraut diffuse à profusion les graines d’un triumvirat. Trois arbres anodins puisant dans les prairies fleuries de leur terre mère un pouvoir incommensurable: celui de créer, d’animer les poussières d’étoiles et d’engendrer la vie. »

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Corne d’abondance-

Il distribue sans compter

Le zéphyr vernal

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