Pour la page 246 de L’Herbier de poésies, Adamante, nous propose d’écrire en nous inspirant de son image ci-dessous:
Lubin et Auriane *, libérés de leur punition, profitent à plein de leur liberté retrouvée. Ce ne sont pas les idées qui manquent pour s’amuser. Face à la ferme, la vaste cour encombrée offre maint repaires, abris et refuges pour l’indémodable jeu de cache-cache. Auriane, plus souple que son frère, peut se faufiler dans les recoins minuscules lui permettant de gagner presque à tous les coups. Ce qui fait bisquer son jumeau. Quelle jubilation pour la petite fille!
– Mauvais perdant! se moque-t-elle réjouie.
– Pfft! C’est même pas vrai!, se défend-t-il, boudeur.
– Allez! Ne fais pas ta mauvaise tête! A toi de choisir maintenant.
Rasséréné, car au fond, c’est une heureuse nature, Lubin propose de jouer au ballon. Auriane approuve tout sourire. Rapide, agile, elle espère bien triompher là aussi.
L’objet est plutôt rudimentaire. Un jour particulièrement pluvieux, rendant le travail à l’extérieur impossible, leur père le fabriqua en assemblant quelques bouts d’un cuir usé. Il le bourra de foin sec, tassa le plus possible, consolida la sphère obtenue de quelques tours de ficelle, puis tendit le résultat aux enfants fous de joie. Depuis lors, cette « balle » leur permet de se défouler, de dépenser leur trop plein d’énergie. Surtout après une journée telle que celle-ci à rester sagement cloitrés dans la maison.
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Fin d’après-midi-
plus rapides que le vent
enfants déchainés
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A toi! A moi! Les jumeaux se disputent la boule aux coutures irrégulières d’où s’évadent quelques brins d’herbes. Le chien, surnommé Touffu, n’est pas en reste pour participer en sautant et aboyant. Soudain la balle fuse à une vitesse folle s’en allant heurter violemment l’arbre desséché à l’autre bout de la cour. Un AÏE! caverneux jaillit de l’être moribond. Stupéfaits et intrigués, les enfants s’approchent et examinent, perplexes, le tronc crevassé. L’intrépide Touffu vient renifler la base de ce dernier, puis, estimant le danger négligeable, l’arrose avec indifférence.
– Y-a quelqu’un là-dedans? demande hardiment Lubin.
– Oui, gronde une voix mystérieuse, en même temps qu’apparaît un étrange visage noir d’encre, coiffé d’une feuille sèche.
– Lubin, ce n’est pas prudent. Ne t’approche pas trop, murmure nerveusement sa sœur.
– Qui es-tu? Comment es-tu entré dans l’arbre? questionne le garçonnet sans se préoccuper du conseil de sa jumelle.
– Je suis victime d’un sort lancé par le sorcier Bérard le nécromant.
– Nécro… quoi?
– Nécromant. C’est trop compliqué à expliquer à un enfant. Sache seulement que cet homme est cruel et redoutable.
– Ahi!** compatit Lubin. Comment t’aider à sortir de là?
– Ce n’est pas à ta portée. Seul le vieux sage du chêne Rouvre en est capable. Le connais-tu?
– Moi, non. Mais notre père peut-être. Il sait tout. C’est le plus fort du monde! Conclut-il avec fierté.
Lassé et sceptique, l’inconnu ne répond pas.
Excités par ce tour étrange que prend leur journée, les bessons filent aussitôt quérir les bons offices de leur géniteur.
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Le soleil descend
et la tension grimpe en flèche-
jeux et tremblements
deux enfants, un chien tout fou
l’intrigue pour gouvernail
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MMR ( tous droits réservés)
* dont j’ai déjà parlé ICI et ICI
** Ahi: exclamation médiévale exprimant l’embarras ou l’empathie.