Une année, la décision fût prise de passer nos vacances, fin août- début septembre, sur la presqu’île du Cap-Ferret, sud-ouest de la France à la limite de la Gironde et des Landes. La fin de l’été est agréable. La cohue de juillet_août fait place à une ambiance calme, bon enfant, où l’on prend le temps d’apprécier un coucher de soleil, le chant de l’océan, la faune et la flore…
Tiens! Justement! Observer la nature, découvrir ses particularités locales. voilà une bonne idée. Hop! Direction l’Office du Tourisme de Lège-Cap Ferret à Claouey. De charmantes hôtesses nous proposent
de découvrir un lieu magnifique: Les réservoirs de Piraillan. Deux circuits balisés de 1,340 km et de 3km, à découvrir seuls ou en visite guidée (tous les mardis de 10h à 12h).
Munis de nos billets, nous nous présentons à l’entrée du site. Un vaste parking permet d’accueillir, à l’ombre, bus et voitures. Passés le portail, au bout de quelques pas, près d’une cabane en bois, la garde du littoral nous accueille d’un large sourire. Blonde, les yeux aussi bleus que le ciel ce jour-là, la voix bien timbrée, le verbe facile, l’humour colorant maintes anecdotes passionnantes, Marie-Catherine CHAUMET raconte:
ce lieu est l’œuvre
de Monsieur Léon Lescat. Celui-ci a acheté une grande partie de la presqu’île. Puis, à partir d’une dépression naturelle due à l’évolution cyclique de l’éperon sableux du Cap-Ferret, et d’une dune dite « barkhanoïque », le propriétaire créa des réservoirs à poissons, reliés au Bassin. ( d’où le lieu tire son nom) Par la suite furent plantés des pins maritimes. Cela se passait au XIXème siècle. Ce site fût classé naturel en 1943. Pourtant, en 1960 ( ou 70), la descendante des frères Lescat transforma et aménagea ces 6 ha en camping. Une décision dommageable pour l’écosystème. Le tronc de certains pins ( les plus vieux ont 130 ans) portent encore les cicatrices, clous et autres bouts de ferrailles.
En 1995, le camping est fermé et le tout,39 ha, est acquis par le Conservatoire du Littoral. Depuis, protégé, il est à nouveau fréquenté par beaucoup d’espèces animales. Les nombreux poissons attirent les oiseaux. Depuis 1998 , d’un seul couple, la population est passée à plus de vingt couples d’aigrettes garzettes. Marie-Catherine, un peu poète, nous décrit joliment leur saison des
amours: » lorsque les aigrettes sont amoureuses, leurs doigts jaune fluo virent au rouge … » Pauvres aigrettes! Elles reviennent de loin. La mode des chapeaux à plumes a failli causer leur disparition. Depuis, grâce à une loi de 1924, leur population remonte la pente et s’accroît petit à petit…
Après nous avoir montré des photos, sa boite à nids, informé sur le code de bonne conduite ( ne pas crier, ne pas déranger les animaux, ne pas manger les baies , figues… sur le site qui sont leur nourriture), Marie-Catherine nous emmène à la découverte de ce petit paradis. C’est un émerveillement continu; leçon de choses en pleine nature: les traces des animaux
que nous apprenons à décrypter: Le sanglier fouille , se roule dans la boue pour se nettoyer, se protéger des parasites; il vermille lorsqu’il creuse en surface à la recherche de vers; il fouge lorsqu’il cherche et déterre des racines comme celle des fougères ou encore il mulote si ce sont les petits rongeurs ( cachés dans leurs galeries) qui l’intéressent. Parfois nous tombons sur un pétouiller ( crottes de lapins) ou sur des « laissées » de martes, de renard ou de blaireau… Ils sont intéressants pour étudier le régime alimentaire des bêtes, leur état de santé ou
celui de de la vie du site. Les souches, les arbres morts sont un refuge , un milieu idéal pour la multiplication de beaucoup d’insectes et d’oiseaux. Les trous dans les troncs abritent , aux dernières nouvelles, deux ruches, menacées, hélas, par une invasion de frelons asiatiques. Le pic vert
meuble parfois le silence de ces toc!toc! retentissants. Marie-Catherine montre les nombreux trous laissés par cet oiseau aux mœurs amoureuses très originales. Le mâle et la femelle se laissent tomber en se tenant par les griffes, du haut de l’arbre jusqu’en bas. Puis remontent et recommencent. Notre balade se poursuit émaillée de dizaines d’histoires. Au point le plus haut des dunes nous apercevons le Bassin
. C’est l’instant pose où l’on admire, reprend son souffle pour certains… puis retour vers les réservoirs
. De petites passerelles permettent d’accéder aux îlots (interdits au public afin de respecter la tranquillité des nombreux animaux qui s’y terrent ou nichent.) Nous terminons par un arrêt assez long près de l’écluse
. Celle-ci sert lors de marées importantes pour faire « boire » les réservoirs. Ceux-
ci perdent beaucoup d’eau par évaporation ou infiltration. Il faut donc , régulièrement faire remonter leur niveau. Mulets, bars, dorades, seiches, soles, hippocampes en profitent pour pénétrer cet univers préservé. Beaucoup de poissons nagent, sautent, se poursuivent. Extraordinaire! Parfois, les oies ou les canards s’approchent, ou nous observent , pas effarouchés du tout… Papillons, libellules et autres bourdons vivent leur petite vie, indifférents à ces promeneurs béats d’admiration…
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