Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

30 juillet 2023

Impressions d’Arcachon

Les yeux embrumés,

J’entends l ‘appel de la plage.

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Aimable invitation,

Comment résister

A tant de beauté sauvage.

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Sentier résineux,

Portail vermoulu,

J’émerge de mon cirage.

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Un claquement de voiles,

Une haleine saline,

Le Bassin me salut.

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Rires querelleurs des mouettes,

Pour un festin infime

Disputé aux aigrettes.

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Mon cœur s’imprègne,

Contemple émerveillé,

Ce tableau immuable:

Pyla et Cap-Ferret,

L’île aux oiseaux bleuâtre,

Sa ceinture parcs à huîtres.

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L’air cristallin renvoie

L’écho lourd du teuf-teuf

D’une pinasse poussive.

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Les pieds nus dans le sable,

Mon esprit l’accompagne

Sur des ailes argentées …

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MMR (tous droits réservés)

poème écrit le 22/11/2008

21 mai 2023

Un lever

Le matin, très tôt. Instant privilégié où tout dort encore. Pas une moto, pas une radio, aucun bruit parasite. Ce pourrait être à la maison bien sûr. Mais je préfère me souvenir de ces levers face au Bassin lorsque nous y passons nos vacances.

Matin douceur-

La chaleur de mon thé

Celle de Phébus

Sur la terrasse, accoudée à la table, les doigts entrelacés autour du bol, je laisse vaguer mon regard en me repaissant du parfum, de la vue sublime. Sous la caresse insistante du soleil, l’eau du Bassin rosit comme une jeune fille en émoi. Il faudrait inventer un adjectif pour dépeindre cette couleur. Ni rose, ni orangée. Incarnadin peut-être? Chez moi, le peintre n’est jamais bien loin.

Marée basse-

Le nez des bateaux figé

Le mien tout fringant!

 Une aigrette garzette vient se poser tout en délicatesse juste en face de moi. Sans perdre de temps la voici qui se penche et fouille l’eau paresseuse. Son merveilleux plumage neigeux  vire au rose dragée  sous les doigts immatériels de l’artiste solaire.

Pinceau lumineux

Sur plumage immaculé

Lavis éphémère

L’aigrette au soleil levant

Insensible à l’art… chasse

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MMR ( tous droits réservés)

14 mai 2023

Duo d’aigrettes garzette

L’aigrette garzette est  un très bel oiseau dont le ramage n’est pas à la hauteur du plumage.

Il pousse un cri  rauque: Kraaa! Kraaa! Kraaa! Cette sorte de petit héron me fait l’effet d’être un râleur qui n’apprécie pas que l’on vienne piétiner ses plates-bandes. J’ai plutôt l’habitude de l’observer  en septembre.

Exceptionnellement, en avril, de loin, j’ai pu admirer un couple en pleine parade nuptiale.

Tandis que l’un, immobile, se contentait d’observer; l’autre  s’éloignait en courant. Puis il déployait ses ailes

Retour à petits pas; et là, courbant le cou, il saluait, ouvrant de nouveau grand ses ailes.

A la suite de quoi, le couple se tournait le dos, semblant s’ignorer. Mais, pas du tout!

Les deux amoureux repartaient de concert vers la gauche, pour revenir  aussitôt après sur leurs pas.

Nouvelle séparation, chacun allant de son côté. Dispute? Différence d’opinions? Que nenni!

Les revoici d’accord pour marcher côte à côte.  Près d’eux, un couple de Tadorne de Belon* menait sa petite vie assez indifférent à cette chorégraphie neigeuse .

Ce petit manège a duré, duré, duré, si bien qu’il a fini par user ma patience et que je les ai laissés à leurs amours. J’espère qu’ils ont eu de beaux bébés. 😀

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MMR ( tous droits réservés)

*Tadorne de Belon: le plus grand canard de France.

Merci beaucoup pour vos commentaires, vos partages, qui me font tant plaisir et m’encouragent à continuer ce blog

7 mai 2023

Le delta de La Leyre

Au pittoresque port de Biganos, on peut réserver, à plusieurs, une galupe (barque) pour une balade sur l’eau.  Une expérience très agréable que je vous convie à suivre.

Cette découverte du delta de la Leyre démarre sous un beau soleil. Dommage que celui-ci, très vite, décide qu’il a envie d’une petite sieste. Mince alors! Quel lâcheur!

La Leyre est une petite rivière de 135 km née dans Les landes et finissant sa course dans le Bassin d’Arcachon.  Son apport d’eau douce est vital pour la vie du Bassin.

Mêlée à celle de l’océan, cela offre une grande diversité de biotopes appréciés par une faune et une flore extrêmement riches. Marais boisés, prairies humides, roselières… Au fil de la promenade nous voyons s’envoler des aigrettes garzettes; un magnifique martin pêcheur que je ne réussis pas à bien immortaliser; des mouettes et d’autres boules de plumes trop rapides pour être identifiées.

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Bien que très farouche, un balbuzard pêcheur prend la pause quelques secondes avant d’aller voir ailleurs si la vie est plus tranquille. Il s’agit d’un grand rapace  de la même famille que l’aigle. Ce splendide oiseau est exclusivement piscivore.

Sous un ciel de plus en plus menaçant la visite se poursuit, douce, relaxante, passionnante grâce aux explications prolixes de notre guide Yannick qui connait  à fond son métier.

 

Au détour d’un chenal nous « tombons » sur un duo très affairé.  Il me semble que ces hommes ramassent de la tourbe à pleines pelletées. Leur petit bateau est déjà lourdement chargé.

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Cette flânerie paisible sur l’eau se poursuit fertile en surprises paysagères et faunistiques nous amenant peu à peu vers un vaste espace: le Bassin. Au loin, nous apercevons les plus hauts bâtiments d’Arcachon. Plus près, ce sont un immense groupe d’aigrettes, de mouettes et autres oiseaux migrateurs ou sédentaires.

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Notre guide fait échouer sa galupe sur le sable pour un court entracte observation et goûter. Il a même prévu des flutes en plastiques et du vin pétillant. Moment de partage très sympa où il répond à nos nombreuses questions. Puis Yannick signale qu’il faut repartir tant que la marée est favorable.

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Retour aussi attrayant qu’à l’aller. Mais avec tout de même un regard parfois inquiet sur le ciel qui s’assombrit de plus en plus.

Quelques embarcadères  à l’aspect très rustique se succèdent  au milieu de nulle part. Yannick a mentionné le plus petit port du Bassin: Port des Tuiles. Autrefois, celles-ci étaient fabriquées à Biganos. C’était de ce Port des Tuiles qu’elles étaient embarquées sur des chalands pour être ensuite livrées dans les ports du Bassin. Car ces tuiles étaient surtout utilisées par les ostréiculteurs afin d’attirer et fixer les naissains d’huîtres. Ils continuent d’ailleurs cette pratique.

Nous voici de retour à Biganos. Juste à temps. Les premières gouttes écourtent l’au-revoir à notre très sympathique guide. Nous n’avons vu ni tortue, ni ragondin, ni loutre. Qu’importe. Ce fût 1h30 mn d’évasion. S’il y a une prochaine fois, ce sera pour remonter la Leyre en galupe et faire connaissance avec sa forêt galerie et ses « bébêtes » à poils, à écailles et à plumes.

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MMR ( tous droits réservés)

lien vers un reportage F3 où l’on peut écouter notre guide Yannick

ICI

6 décembre 2020

Bulle grenadine

Filed under: Océan et Bassin d'Arcachon,Poèmes — Étiquettes : , , , , , , , — Martine @ 6 h 45 min

Bulle grenadine

Évadée de la nuit

Phébus traîne sa paresse

Engluée de sommeil

 

Sa Rondeur lambine

Flânoche entre deux rêves

Joue un peu à l’étoile

Assidue aux caprices

 

Pourtant sur le Bassin*

Ignorant sa lubie

Un cortège d’aigrettes

Fouille l’ombre aqueuse

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 Gêné, un peu honteux

Face aux plumes matinales

Soleil transmute l’eau

En cordial mandarine

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MMR ( tous droits réservés)

*Bassin: le Bassin d’Arcachon

5 avril 2015

Sur la plage aux souvenirs…

Filed under: Les Passeurs de mots — Étiquettes : , , , , , , , — Martine @ 4 h 56 min

Pour les Passeurs de mots  d‘Evajoe, le thème proposé est IMG_0868_v1d’écrire sur ma photo.

Cliquez sur celle-ci pour grandir svp, merci.

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Sur la nappe d’or pâle ondule une broderie saphir.

Entre coquillages et poissons

Passé plat et point de tige

Deux assiettes bleu nuit supportent la blancheur laiteuse de leur bol à potage

Couverts argent vieilli

Cristal des verres océan où s’épanouissent l’éventail des serviettes.

Ce soir

A la chaleur romantique des chandelles

Nos yeux se cherchent

Se sourient

Se souviennent  à demi clos , en dégustant une bisque de langoustines…

Aurore rose parme parfumée au varech

Pétarade d’une pinasse asthmatique louvoyant entre les bouées

Douce chanson des vaguelettes brisée par le ressac soudain

Envol  élégant et gracieux de quelques aigrettes garzettes

Rire moqueur de trois mouettes restées maîtresses  du terrain

Ce pêcheur d’esques* courbé sur  son butin gigotant

Nos pas griffant le sable humide  de signes cabalistiques.

Sur nos lèvres cette saveur marine trouble nos sens

Nous ravit au présent

Nous emporte

Là-bas

Sur la plage aux souvenirs…

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MMR ( tous droits réservés)

* esques: vers de sable servant d’appât.

 

 

 

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21 décembre 2014

Sous un ciel d’émail

C’est un jour ordinaire de vacances. IMG_8461_v1Une après déjeuner ,où, sourire au coin des yeux, , se pose la « grave » question. « Que fait-on après la sieste? ».

Où aller? Cette presqu’île du Cap-Ferret, depuis le temps, nous commençons à la connaître par cœur. Qu’importe. Le bonheur est toujours là. Chaque jour comme un nouveau monde à découvrir. Car il s’y passe toujours quelque chose d’intéressant, de curieux ou de drôle.

« Allons au débarcadère » ( pour ceux qui aiment le bateau. clic  ICI .IMG_8401_v1 Balade depuis le port de La Vigne jusqu’au débarcadère)

Que de monde, comme toujours . C’est un lieu très fréquenté. Non seulement par les touristes mais surtout par les bordelais et autres girondins.

On aime à se montrer, à rouler des mécaniques, à craner pour les yeux d’une belle.IMG_8410_v1

Pas vrai le chien?

Ouvrir des yeux ronds face à cette faune bigarrée, c’est bien beau. Mais ça ne remplit pas l’estomac . L’aigrette garzette, impassible sous les clic et les clac des objectifs, guette les écailles suicidaires.

Au pied des restaurants,IMG_8403_v1 se déroule une partie de volley-ball endiablée. Et ça court, saute, rate son but, s’étale dans la vase, rit à se tordre.

Les joueurs s’en payent une bonne tranche. Font le spectacle.

Pour la plus grande joie des spectateurs.

IMG_8450_v1Sous ce ciel d’émail le ballet des pinasses, des petits bateaux taxis ou des gros de croisière , joue sa chorégraphie bruyante et bariolée.

On ne sait où donner de la tête tant ça s’agite un peu partout.

Que de vie sur ce coin de jetée.

Zim boom!boom! IMG_8456_v1Zim boom!boom!

Tout à coup résonne une musique au rythme endiablé! Mais d’où cela vient-il? Écoutez  ICI

Et puis , tout au fond, de la droite surgit un bateau chargé de garçons hilares.

Pendant que certains s’amusentIMG_8467_v1

d’autres travaillent.

Pan!Pan!Pan! Et que je frappe! Et que je cloue! Et que j’interpelle!

Sous un chapeau tout neuf, bien abritée des caprices de la météo, cette superbe maison pourra jouir en toute quiétude de sa vue imprenable sur le Bassin.

Ce remue-ménage n’est pas du goût IMG_8419_v1du bel oiseau nacré. « Non mais quel raffut! Pas moyen de pêcher tranquille! Vivement l’automne que l’on soit un peu entre nous! »

D’un long vol gracieux, le voici rasant les flots, passant sous nos pieds et se perchant un peu plus loin.

 Tout ce temps, IMG_8426_v1

le courant s’inverse et la marée remonte.Vaguelettes après vaguelettes les parcs à huîtres retrouvent la compagnie des poissons. Les crabes , coquillages,  quelques hippocampes peut-être,  reconquièrent leurs prairies d’algues vertes et brunes….

A l’horizon, la dune du Pyla vire du platine au rosé.

IMG_8468_v1Nos amis les sportifs commencent à barboter.

 Les glissades se changent en éclaboussures, en trempettes.

Il est temps d’aller boire un thé ou un café pour se remettre de toute cette gymnastique..

. La pièce est jouée. Le public s’égaille.

L’aigrette IMG_8470_v1se retrouve maître des lieux

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MMR ( tous droits réservés)

Cliquez sur les photos pour agrandir SVP, merci.

JOYEUX NOËL  😉

et BONNES FÊTES DE FIN D’ANNÉE

Blog en pause

7 avril 2013

Quelques traces…

Mardi, pour la centième de son magazine, le thème de la communauté de Hauteclaire était « traces de vie » sur une proposition de Christiane. Voici ma tardive participation: svp, cliquez sur les photos pour agrandir, merci

Quelles traces chercher? Avec toute cette pluie, cette grisaille  qui s’éternise, je n’ai qu’une envie, celle de la chaleur de l’été, des pieds s’enfouissant dans le sable brûlant,  des rêveries le nez tourné vers un azur démesuré…

Ah! le doux temps des vacances…

IMG_8520_v1Comme à mon habitude, première levée, fermant doucement la porte, je file sur la pointe des pieds humant les parfums du petit matin.

La première debout? Pas vraiment si j’en juge par ces traînées de vapeur dans le ciel. Dès 7heures, le ballet aérien commence. Les avions emportent les désirs, les envies, les besoins des autres vers l’inconnu auréolé d’aurore…

Les premiers rayons caressent la soie émouvante IMG_2626_v1 du Bassin et… deux séries d’empreintes.

  Pêcheurs?

Sportifs?

Simples contemplatifs avides d’un brin de solitude? IMG_1208_v1

Dame mouette  reste sereine.  Elle promène un regard acéré sur des vestiges de vie, ces tortillons que forment les vers de sable. La marée descendante les  voit pousser par millions.

Ses copines, un peu plus loin, se disputent, poinçonnent cette paix marine de leurs rires excités. Empreintes invisibles mais si présentes.

Flânerie IMG_7902_v1lénifiante où l’esprit lâche prise. Un rien nourrit l’imaginaire. Mon cheminement signe lui aussi la plage, contourne celui d’un oiseau. Devinette à laquelle je ne me suis pas répondu. A qui appartient cette empreinte? Elle ne me semble pas palmée comme celle des mouettes et goélands. Peut-être celle d’une aigrette garzette? Elles aiment cette heure vide de l’humain trouble-fête.

Retour tranquille vers la pinède, vers un petit déjeuner que mon estomac, indifférent à cette belle poésie iodée, appelle à grands renforts d’indignation IMG_1247_v1.

Un dernier signe de vie en travers de mon chemin: cette pigne rongée par mon copain l’écureuil. Je vais de ce pas, à son exemple, déguster quelques douceurs. 🙂

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MMR ( tous droits réservés)

 

 

16 août 2011

Dans la brume

Filed under: entre ombre et lumière,Océan et Bassin d'Arcachon — Étiquettes : , , , — Martine @ 0 h 10 min

Le soleil joue à cache-cache aujourd’hui pour le nouveau thème de la communauté  « entre ombre et lumière » de Hauteclaire,

ici

Ce matin là, j’avais hâte d’assister au lever du soleil sur le Bassin . Tout était préparé sur une chaise de la cuisine: jogging, parka, chaussures et surtout l’appareil photo. J’ouvris le plus silencieusement possible la porte et… déception. La brume mangeait le ciel. Je l’apercevais enroulant et déroulant ses voiles tristounets.  Et zut! Pas de soleil ce matin? J’hésitai un instant puis décidai d’aller faire tout de même ma petite balade  habituelle.

La marée était basse. Le cri assourdi d’une mouette se heurtait aux rideaux blanchâtres . Silhouette fantomatique, l’île au oiseaux jouait au bateau fantôme.

Les aiguilles de pin  gommaient l’écho de mes pas. Une cinquantaine de mètres à peine me séparaient du portail en bois.  Et là…surprise extraordinaire,  blanches dans tout ce coton humide… une bonne trentaine d’aigrettes garzettes vaquaient, tranquilles,  à leurs affaires.

Je sortis très lentement mon engin et clic-clac, les mitraillai sans trop d’illusions. Pas assez de lumière, pas de zoom performant. Mais tant pis, l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir. Il en restera un souvenir de nacre fondante, parfois d’une netteté de carton pâte, parfois diffus et éthéré… Je tentai d’ouvrir le portail en  douceur pour m’approcher mais… pffft! Un grand vol d’ailes virginales… et… ne resta qu’une solitaire acariâtre disputant   un délice invisible à la mouette hargneuse. Les belles ballerines s’en étaient allé vers Arès, peut-être ,ou Andernos ,qui sait. Le soleil commença à déchirer les drapés mouvants.

Timide clapot-

Le temps semble englué

Écharpes de brume

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MMr ( tous droits réservés)

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