Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

3 mars 2024

Balade océane

Pour l’Herbier de poésie, ICI  Adamante, ICI, nous propose d’écrire sur une photo de Jeanne FADOSI

 

C’est une matinée de septembre où le soleil éclabousse toute la région d’une multitude de gouttes d’or. Ces dernières s’entremêlent merveilleusement à celles iodées de l’eau de mer.

Nous sommes dans un maison forestière nichée au cœur de deux hectares de pinède, à une soixante de mètres de la plage du Bassin d’Arcachon. Il est tôt. Sa Majesté Phébus n’a pas encore vaporisé la rosée de la nuit.  Les notes parfumées des arbres, du varech, de l’humus, des fleurs sauvages viennent s’enrouler autour de moi, me soufflant:  » Viens… viens… »

Près du portillon, accroché au grillage, un pied de clématite frémit de toutes ces petites graines plumeuses. Mots inaudibles qui viennent soutenir l’invitation sylvestre. Il n’en faut pas plus pour m’entraîner sur le tapis épais des aiguilles de pins.

Entre les jeux de l’ombre et de la lumière apparaissent et disparaissent tour à tour, l’éclat fuchsia des bruyères, le vert acide des fougères derniers nées. Majoritaires, leurs ainées montrent les signes avant coureur de l’automne. Ici, son pinceau combine un jaune vif à un vert profond. Là, elle panache orange et roux. Ailleurs, elle s’emballe saupoudrant toutes les frondes de bruns profonds. Plus je m’enfonce dans la forêt, plus les odeurs me capturent, m’envoûtent. Celle des champignons rivalise avec les fragrances fraîches des mousses que ma flânerie écrase. La montée de la chaleur anime le sous-bois. Les sifflets et vocalises répondent aux Kraaa! Kraaaa! de trois corneilles résidentes à l’année. De nombreux butineurs s’entrecroisent autour de petites fleurs blanches inconnues, aux lèvres jaune pâle des tubes d’un groupe d’anonymes, près des chapeaux meurtris des russules, cèpes de pins et autre champions divers.  A foison, des arbousiers offrent généreusement clochettes affriolantes et fruits gorgés de sucre à une foule d’amateurs :bourdons, abeilles, mouches, oiseaux… Quelques ronciers ici et là protègent leurs baies noires d’une armée d’épines acérées. Un peu plus loin de profonds boutis* trahissent la quête insatiable des sangliers friands de vers et autres larves. Soudain, un écureuil m’apostrophe, tout fouettant l’air de son superbe panache. D’accord. Je dérange. Il est temps de faire demi-tour.

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Appel de la sylve-

Mouettes, merles, mésanges…

La joie pour compagne

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MMR ( tous droits réservés)

* boutis: le sanglier retourne le sol avec ses défenses et le boutoir (la partie supérieure de son groin). Il peut labourerce dernier jusqu’à  60 cm de profondeur. Son super odorat le guide vers « d’excellents repas ».

11 février 2024

Volcanique!

Filed under: entre ombre et lumière — Étiquettes : , , , , , , , , , — Martine @ 6 h 09 min

Les humeurs singulières du soleil sur la montagne Alaric.  Des aurores jamais semblables, toujours surprenantes, ébouriffantes, fabuleuses, sidérantes, envoûtantes, fantastiques…

Prélude fantasque-

Fumerolles carmin des

nuages au levant

Au seuil du jour

Flot de lave

Impétueux

Sur l’Alaric*

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Courant rapide

De désirs feu

Nageant, plongeant

Leur or natif.

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MMR ( tous droits réservés)

 

* L’Alaric: https://fr.wikipedia.org/wiki/Montagne_d%27Alaric

Merci pour tous vos commentaires qui font tant plaisir. C’est si motivant! 🙂

10 décembre 2023

Nuages

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Étiquettes : , , , , , , , — Martine @ 8 h 14 min

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Comme beaucoup de gens, j’aime particulièrement observer les jeux de Dame Nature. Que ce soit les insectes, animaux, fleurs, effets de lumière du soleil. Et, bien sûr, les nuages. Le sujet des paréidolies avait déjà été abordé : ICI  . Mais j’y reviens avec grand plaisir avec ce sujet inépuisable du nuage.

Fin d’après-midi-

Accoudée à la fenêtre

Voyage immobile

Bleu océanique-

Un paisible requin-baleine

Gobe mes pensées

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Aurore orangée-

Même Phébus apprécie

Un jus pamplemousse

Distraction-

Des milliers de moutons fuient

Et pas un berger!

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MMR (tous droits réservés)

29 octobre 2023

Au pays du matin calme

Filed under: Océan et Bassin d'Arcachon,Poèmes — Étiquettes : , , , , , , — Martine @ 3 h 30 min

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Silhouettes graciles,

Sculptées par la lumière

De Phébus indolent,

Les aigrettes valsent.

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Les notes légères

Du vent dans la pinède,

Du Bassin s’ébrouant,

Chorégraphient leurs pas.

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Galbes angéliques

Marchant, sautant, volant,

Interprètent la vie

Poétique et légère.

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MMR (tous droits réservés)

Merci pour tous vos commentaires très appréciés et motivants.

🙂

9 juillet 2023

Les chiens

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Étiquettes : , , , , , , , , — Martine @ 7 h 07 min

Vous vous souvenez de la chanson « Avoir un bon copain **  » interprétée par Henri Garat? Par Georges Brassens également * .  J’étais petite, mais je m’en souviens encore.  Et bien, celle-ci m’est revenue en  tête en observant une jolie scène à la plage.

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Septembre en maillot, avec seau et pelle de petit enfant , par un bel près-midi où le soleil chauffe merveilleusement la peau. La marée descend découvrant une multitude de délices iodés.

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Jusant pacifique-

Des mouettes, goélands et

Crabes sauve-qui-peut!

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 Sur le sablon brûlant,  quelques courageux ( ou inconscients) se font rôtir par Phébus. D’autres personnes, sagement assises sous un parasol, devisent en souriant. L’une, un peu mélancolique, parle de Paris qu’elle va bientôt retrouver. L’autre, plus chanceuse car vivant à Bordeaux, pourra continuer à jouir de cette plage tranquille encore bien des fois d’ici l’hiver.

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Soleil véhément-

Des baigneurs engourdis plus

Un vif cerf-volant

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Sur le sable humide, deux chiens s’amusent comme des petits fous. Pas un ouaf! ouaf! Juste leur souffle bruyant et le crissement des grains sous leurs pattes.

Jeux de plage-

Courir! Sauter! Pirouetter!

Deux chiens pour un bâton

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Avoir un bon copain, chanté également par Gorges Brassens: ICI

* * Connaissez-vous l’origine du mot copain?  Elle vient de compaignon ( compagnon)  , et de compain:  le compagnon avec qui l’on rompt le pain.

21 mai 2023

Un lever

Le matin, très tôt. Instant privilégié où tout dort encore. Pas une moto, pas une radio, aucun bruit parasite. Ce pourrait être à la maison bien sûr. Mais je préfère me souvenir de ces levers face au Bassin lorsque nous y passons nos vacances.

Matin douceur-

La chaleur de mon thé

Celle de Phébus

Sur la terrasse, accoudée à la table, les doigts entrelacés autour du bol, je laisse vaguer mon regard en me repaissant du parfum, de la vue sublime. Sous la caresse insistante du soleil, l’eau du Bassin rosit comme une jeune fille en émoi. Il faudrait inventer un adjectif pour dépeindre cette couleur. Ni rose, ni orangée. Incarnadin peut-être? Chez moi, le peintre n’est jamais bien loin.

Marée basse-

Le nez des bateaux figé

Le mien tout fringant!

 Une aigrette garzette vient se poser tout en délicatesse juste en face de moi. Sans perdre de temps la voici qui se penche et fouille l’eau paresseuse. Son merveilleux plumage neigeux  vire au rose dragée  sous les doigts immatériels de l’artiste solaire.

Pinceau lumineux

Sur plumage immaculé

Lavis éphémère

L’aigrette au soleil levant

Insensible à l’art… chasse

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26 mars 2023

C’est l’printemps!

Il y a comme une douceur dans l’air en dépit des 2 ou 3° à l’aurore. Glissant lentement sur le satin rose thé du ciel, Phébus a bonne mine, fringant comme un jeune premier au pied de sa belle.

L’humeur est printanière.

Le paysage change autour de chez moi. Les arbres laissent exploser leur sève en mille pétales parfumés. Arbustes décoratifs ou arbres fruitiers sont au rendez-vous.

L’heure est printanière.

Au jardin les violettes blanches et celles qui sont mauve, parme, violine ou encore lilas se pressent d’épanouir leurs papillons délicats.

La séduction est printanière

A l’hôtel à insectes une agitation bourdonnante retient mon attention. Deux abeilles sauvages  volent  de-ci, de-là à courte distance puis reviennent se poser sur le tuyau d’une canne. Il s’agit de deux mâles osmia cornuta. Ils attendent la sortie des femelles qui naissent environ une dizaine de jours après eux.

L’ardeur est printanière

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Jacinthes, anémones, narcisses, hellébores… se haussent du col; rivalisent de couleurs intenses. C’est à celle qui attirera le plus de butineurs.

La joute est printanière

Ce renouveau agit sur ma psyché. Appétence, boulimie, frénésie,voracité… Ce ne sont pas les mots qui manquent dans notre belle langue pour définir mon état d’esprit du moment.  Besoin de déguster de tendres crudités; Besoin de créer à l’atelier; besoin de nettoyer le jardin qui tient plus de la jungle après tant de mois à l’abandon; besoin de filer voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

La fringale est printanière

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19 mars 2023

D’un ajonc à l’autre

Pour l’Herbier de poésies, ICI , Adamante, nous propose d’écrire sur une photo de Balaline, ICI

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Le soleil, cet or brûlant les yeux à l’imprudent qui le fixe. Cette belle couleur jaune a la puissance de la passion flamboyante. Une teinte que l’on rencontre partout. On en  use, on en abuse avec une prodigalité vorace. Laissons de côté la négativité ( car hélas elle existe aussi) pour ne raconter que la positive: des rideaux velours moutarde dans ma salle de séjour, en passant par mon gros pull safran si confortable, en continuant avec un plat au curry indien dont la chaude nuance  suffit à me faire saliver. Il existe une infinie variétés de cette couleur autour de nous. Avec le printemps, les premiers pissenlits s’épanouissent alors que les mimosas vont bientôt tirer leur révérence. Hier, la pluie s’était invitée dans mon coin du sud.

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Mars-

Il fait un temps merveilleux

Plusieurs fois par jour

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Pour les incas, l’or, c’était « la sueur du soleil ».  Pour moi, l’or de certaines fleurs a le don de me faire voyager au pays des souvenirs. L’algelàs, ou ajonc de Provence,( nommé argeras en pays d’Aix)  me ramène à mes belles balades sur les flancs de la Sainte Victoire. Mais son cousin l’ajonc d’Europe , qui m’a plus d’une fois piquée de ses dards, éclaire le chemin de maintes promenades familiales en forêt landaise. Ou, pour la plus récente, en solitaire, sur la presqu’île du Cap-Ferret*

Hélichryses, genêts, ajoncs… Sous le feu de Phébus, leurs parfums entêtants se mêlent à celui de la térébenthine exhalée par les pins.

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 Voyage-

Du printemps à l’automne

Mon nez pour gouvernail

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*balade racontée précédemment sur mon blog à l’aller:  ICI  et le retour: ICI

6 juin 2021

Doré comme…

Lever doré. Phébus sort nonchalamment de sa couette nuageuse.  Il promène sur le monde un regard incandescent, insoutenable. Mais paradoxalement, ce que ce feu fait du bien.  L’or solaire coule, ruisselle, allume des reflets mordorés sur ma peau, sur l’eau du Bassin. Richesse d’un instant proche de la perfection.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette couleur si précieuse, d’autres ont décidé de la « chiper » à l’astre du jour.  Je la retrouve aux pétales d’un sedum, d’un pissenlit, d’une giroflée. Mais également sur la somptueuse tenue de gala d’une minusculee araignée saltique; sur le corset d’un syrphe * ou d’une  toute petite abeille sauvage.**

Les jours où le mauvais temps s’éternise, cette teinte fait tant rêver à l’été.  Je lui cherche des synonymes qui roulent sur la langue comme autant de bonbons: ambré, blond, fauve, cuivré, vermeil, safran… Le vent agite les jaunets de mes tomates poires. Or sucré, juteux, si frais: une vraie gourmandise!

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* syrphe: mouche appartenant à l’ordre des diptères

** peut-être une halicte?

28 mars 2021

Printemps!

Filed under: animaux, insectes...,au Jardin: fleurs, arbres... — Étiquettes : , , , , , , , , , — Martine @ 6 h 14 min

Capricieux! Inconstant! Éblouissant! Ce ne sont pas les adjectifs qui manquent lorsque l’on veut parler de toi Printemps!

Pour fêter ton réveil, le 20 mars, la Météo avait commandé le soleil. Phébus, tout sourire, se plia en quatre pour faire plaisir. Il cerna d’étincelles le safran des narcisses; coula au bronze  l’or des forsythias; ébouriffa le miel des pissenlits; réveilla coucous et primevères; satina alysses et tulipes d’une chaleur bonne enfant…

Rien n’était trop beau pour toi. Le ciel, balayé de frais, devint un somptueux tapis floral: myosotis, lin, scabieuse, jacinthe, pervenche, céanothe, crocus, agapanthe… Mille nuances de bleu composèrent un tableau changeant à rendre jaloux Océan.

Infime, dans un coin d’horizon perdu, une peluche neigeuse flottait paresseusement. Ultime trace de l’oiseau tempête chassé à grands coups de rayons brûlants.

Nul ne devait assombrir  ta venue.

Tout devait être parfait.  Les fleurs offrirent le meilleur de leurs mots parfumés à la gloire de ce jour. Les oiseaux. Ah les oiseaux!  Ces petites boules de plumes  devinrent lyriques. Leurs notes amoureuses s’envolèrent à la conquête des cœurs.

En dansant sur le vent, sur ses voltes fantasques, abeilles, bourdons, mouches, papillons et autres coléoptères, célébrèrent Aphrodite, déesse de l’amour.

Même l’assommant chien d’à côté se fit un peu plus discret. Un ange poilu, museau pointu et longues oreilles, avait dû le toucher de ses ailes apaisantes. Quiétude, légèreté et joie étaient au menu de cette renaissance.

Par Vertumne,  dieu des jardins et des potagers, une envie irrépressible s’empara de moi; celle de plonger mes mains dans la terre; de nettoyer, tailler, désherber, semer, transplanter. Je me mis à féliciter  les abeilles, ces vaillantes petites ouvrières qui se dépensent sans compter.  Puis mes louanges allèrent aux  radis et à la salade à couper  prospérant résolument dans un des carrés potagers en dépit des gelées récentes. Sans oublier le talent d’imitateur du sansonnet s’époumonant, infatigable, au bord du toit. Tout à coup je me surpris à sourire pour rien, comme ça, dans le vide. Folie printanière?

Suave et ensorcelant Printemps. Quel bonheur que ton retour!

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MMR ( tous droits réservés)

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