Pour l’herbier de poésies, ICI , Adamante nous propose d’écrire sur une de ses œuvres figurant dans son recueil « Le faiseur d’accueil, et autres contes » ICI
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Il était une fois… c’est ainsi, en général, que grand-mère commence son récit. Elle en a plein son sac à souvenirs. Invariablement , assis bien sagement autour d’elle, nous attendons cette introduction riche de promesses.
– Il était une fois une jeune fille, assise sur le siège en pierre de la plus monumentale cheminée que vous ne verrez jamais.
– Elle était grande comment cette cheminée, dis, Mamie?
– Grande comme… comme une énooorme bouche d’ogre! Pensez! On pouvait y déposer un tronc d’arbre entier!
– oooooh!
– Ah, c’est vrai que j’ai oublié de vous préciser que la jeune fille habitait un château. Je continue. Voyons, où en étais-je? Ah oui! La jeune demoiselle assise près du feu était transie de froid, certes, mais aussi d’inquiétude… Son père, son frère ainé, ainsi que tous les chevaliers n’étaient toujours pas rentrés de leur expédition punitive. La nuit était tombée. Les plaintes du vent descendaient du conduit de fumée comme pour mieux glacer son âme. Tourmentée, la pauvrette, l’esprit absent, fixait les flammes vives. Celles-ci dansaient de joie soudainement ravivées par le souffle d’Éole rugissant tout là-haut. Elles montaient, s’étiraient léchant le contre-cœur*. L’étrange chorégraphie s’éloignait, revenait, puis s’écartait à nouveau abandonnant à chaque fois toujours plus d’escarbilles. Éléonore finit par remarquer l’étrange manège du feu. Les étincelles demeuraient fixées, de plus en plus nombreuses. Quelle diablerie était-ce là? Inconsciemment, elle se penchait en avant fascinée par le phénomène. Peu à peu, un visage incandescent apparut. Son expression était d’une tristesse infinie. Homme ou femme? Éléonore aurait été bien en peine de le dire. Soudain! Vociférations, rires et martellement martial d’un groupe d’hommes. Enfin! Les voici de retour! La jeune fille, heureusement distraite, se tourna vers l’entrée de la vaste salle. Son père était là, puissant et rassurant avec sans doute un récit de bataille à conter. Mais, cette fois, elle aussi avait quelque chose à raconter, à montrer, se dit-elle en jetant un coup d’œil à la plaque de la cheminée. Effarée et déçue, elle découvrit que l’étrange portrait avait disparu.
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A la chandelle-
L’auditoire sous le charme
Ronflements du chien
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MMR ( tous droits réservés)
* Contre-cœur: il s’agit de la plaque en fonte protégeant le mur du fond de l’âtre
Merci pour vos commentaires ici et hors blog. Je suis heureuse que vous aimiez ce mini conte. Mais, gardez à l’esprit que ma plume est convalescente. Ce qui explique en partie la brièveté de mon texte.
🙂