Rien…
Le silence…
La tramontane a enfin cessé de rugir. Lorsque j’ai aperçu le ciel par le fenestrou de la cage d’escalier, aaaaahhh 🙂 le lever était intéressant.
La nuit entrouvrait ses voiles sous la pression du jour.
– 7°.
A glagla! Emmitouflée jusqu’au ras des yeux me voici frémissante à attendre les trois coups.
Phébus n’est pas pressé.Mes doigts commencent un peu à protester.
La solitude? Oui, là, elle est la bienvenue, désirée, réclamée. Je râle intérieurement si une voiture passe. Non!Non! Martine est au spectacle , prête pour le cliché du siècle. On diffère sa sortie s’il vous plaît! On respecte son rendez-vous favori…
Fichtre, ce qu’il fait froid!
Quelques pas impatients vers ce grand pin à gauche pour échapper à l’éclat d’un réverbère. L’herbe crisse sous mes chaussons ( et oui, la hâte, la crainte de rater le début de la représentation me font risquer la « mort » 🙂 )
Raffut au dessus de ma tête! Envol fracassant de tourterelles dérangées par l’importune . J’ai manqué un battement de cœur sur le coup.Mais j’oublie vite car les premières mesures d’une symphonie wagnérienne résonnent assourdies.
Les yeux écarquillés, ces instants se gravent comme au burin dans un coin de mémoire. Comparaisons, images, symboles se bousculent face à cette féérie.
J’aimerais pouvoir inventer des mots nouveaux pour décrire cette merveille. Les nuages virent lentement ( en apparence) d’un noir velouté vers des tons bleu-marine striés de fumée parme…. Puis le feu embrase les volutes qui se tordent, s’enroulent, tressent l’incroyable chevelure de l’aurore.
Il est 7h58. Deux automobilistes ont à peine gêné ma concentration. Car l’onglée n’est pas loin. Mon corps est bien au chaud . Par contre pour manier ce nouvel appareil, beaucoup plus petit que le précédent, impossible d’avoir des gants. Le bouton est petit et très sensible. Du doigté! Car il n’est pas question de gâcher ces instantanés.
Les draperies se meuvent, ondoient. Me voici face à un fleuve de lave en fusion.
C’est grand! C’est magique! Quelle émotion!
Jamais assouvie,
Jamais rassasiée,
J’ai faim de cette beauté,
De cette splendeur qui me transporte dans une autre dimension. Ce torrent incandescent envahit tout l’horizon. Vagues après vagues le voici au dessus de ma petite insignifiance. Le lève-tard dominical passe à côté de quelque chose de grandiose.
Mon regard s’embue, se brouille. Décidément, il est temps de rentrer. Les couleurs virent petit à petit vers un beige rosé, puis jaunâtre secoué d’un soubresaut ardent. Ultime offrande captivante avant de se noyer dans un gris assorti à celui des tourterelles effarouchées.
Mon nez est insensible,
Mon estomac crie famine,
Les couleurs ternissent,
Retour au bercail dare-dare..
Avant de m’engouffrer dans la chaude protection de la maison, dernier coup d’œil en arrière.
Le snack est ouvert. Chip! chip!chip! Bonjour mésange!
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