Ce matin là, 13 février dernier, je décidai de faire une virée au bord du Fresquel qui passe pas très loin du village. La météo annonçait le redoux pour les prochains jours…. Si je voulais capturer quelques effets intéressants il était plus que temps de partir à l’aventure. L’aventure, c’est beaucoup dire. Mais enfin, emmitouflée comme une poupée russe, me voilà filant comme le vent…
Couleurs sibyllines,
Calme marmoréen
Que piquent les merles
Engourdi par le froid, le soleil s’extirpait laborieusement de ses draps brumeux. Mes joues, mon nez s’accordaient sûrement à ses vapeurs rosées virant au framboise écrasé. Oui, a gla!gla!. Il n’y avait pas que l’air qui était givré. 🙂
Abandonnant la route, j’empruntai une voie parallèle festonnée de congères.L’ostensoir platine s’emparait du ciel, veloutait la neige de nuances beurrées. Hallucination? Huumm… la belle chantilly . Une pie lève-tôt survola en se moquant cette bipède rêveuse invétérée.
Allons, pressons! Pressons!La crêpe pâlichonne va virer à l’or le plus pur, mordre dans cette blancheur nivéenne… Quelques maisons éparses calfeutrées sur leurs secrets me cachaient le rivage. Il devait bien y avoir un passage quelque part entre ces jardins, ces haies et autres vergers… Des traces de roues me guidèrent vers une trouée et là…. les yeux écarquillés, le cœur battant la chamade je découvris une vue à couper le souffle. Ah mes Maîtres impressionnistes, mes Fauves, si vous pouviez guider ma main pour balbutier toute cette beauté sur mes toiles.
J’interrogeai l’opacité des buissons, le grillage des branches… Le sentier longeait le cours d’eau sans jamais s’approcher. Frustration. Nappes glacées, ressac figé , que de merveilles tentaient la photographe…
Au bout d’une centaine de mètres, enfin, une échancrure dans tout ce fouillis végétal me permit d’apercevoir l’extrême bord. La descente était tapissée d’orties brutalisées, de ronces armées jusqu’aux dents. Grâce à la complaisance de quelques arbustes assez robustes je pus m’aventurer jusqu’au bord de la rivière.
Gaïa, maître verrier génial, comblait toutes mes attentes. Tout m’appelait, m’interpellait. Ma paire d’yeux ne me suffisait pas. Il y avait tant et tant à voir, à moissonner…
Oubliée la montre, la pendule, la trotteuse insensible. Les mots dansaient une gigue joyeuse, composaient et recomposaient odes et contes, s’évanouissant aussi vite que l’éclair…
Bleu stylet antarctique,
Le solfège torrentiel
De soupirs en silences
Cherche sa clef de sol,
Ses octaves laiteux
Que cisèle Soleil.
Mais…
Qu’y avait-il de l’autre côté du pont? A suivre
MMR ( tous droits réservés)
(cliquez sur les photos pour agrandir, merci)