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Dimanche en huit, peu de temps après avoir photographié un lever de soleil extraordinaire, ICI , Il se mit à neiger comme un fou. Par moment, il tombait « des mouchoirs » ( expression entendue en Provence ). La pauvre petite anémone , ICI , semblait bien misérable en compagnie de trois brins d’herbes brûlées par l’hiver. Vers le soir les nuages en eurent assez de disperser leurs fleurs virginales, d’effilocher leur ouate. Nous fermâmes les volets sur une interrogation. Qu’allions nous découvrir au matin? Tout d’abord, un autre merveilleux lever aux teintes assourdies.
Le jardin étincelait sous les premiers rayons transis. Les ombres gardaient encore leur mystère bleu nuit. Ce clair-obscur me ramenait à celui de la montagne, de ses congères, de ses ravins d’éternel silence. Mon esprit vagabondait sur les cimes lointaines en glissant sur ce manteau glacé. Tandis qu’au soleil mille et un diamants étincelaient.
Certaines plantes résistent envers et contre tout, à l’image de cette touffe de narcisses très précoces. Le froid pesant de tout ses degrés négatifs me tirait les larmes, me pinçait les doigts…. Mon petit univers mutait vers l’indicible poésie nordique…
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Le mardi suivant, en descendant au Marché, je découvris la fontaine près de la gare, sortie tout droit d’un conte d’Andersen. Quelques jets d’eau tentaient vaillamment de se frayer un passage. Au retour, c’était fini. Bâillonnée la chanson glougloutante et grelottante. Muette aussi celle de la place Carnot . La Reine des neiges l’avait effleurée de sa baguette magique figeant ses orbes musicales.
Après avoir remonté la rue piétonne ( anciennement rue de la gare), dernier coup d’œil admiratif à la sculpture glacée qu’était devenue la fontaine. L’horloge de la gare m’autorisant encore un peu d’école buissonnière avant l’arrivée du bus, je décidai une nouvelle chasse aux clichés. Le port gardait prisonnières les péniches dans un étau blanc laiteux où se mourait le ciel. La Martine risque-tout de mes jeunes années ressurgit , bravant le tapis verglacé entremêlé d’îlots neigeux. Avec d’infinies précautions je me hasardai à 50 centimètres du bord. L’écluse avait perdu de nombreuses chandelles mais offrait encore de belles décorations.
Le sas , inerte, témoignait de cette météo extrême mordant et déchirant. Débâcle sur le Canal du Midi… Étoiles givrées, fêlures, lignes brisées, rondes bosses, apparitions fantastiques gravées par la gouge climatique. L’onglée s’invitant douloureusement, je fuis vers l’abri-bus les mains tétanisées…
MMR ( tous droits réservés)
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