Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

3 décembre 2023

Histoires de lézards

Filed under: animaux, insectes...,littérature — Étiquettes : , , , — Martine @ 4 h 56 min

Chaleur écrasante_

Pendant la sieste du chat

Un lézard lézarde

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Extrait de mon recueil: « Paroles de jardin »

 

Ce matin là, à l’image des précédents, Slisss quitte sa caverne calcaire, escalade le rocher, puis s’étale de tout son long. Engourdi par la fraîcheur de la nuit, ce beau mâle offre aux rayons revigorants du soleil ses vingt centimètres. Il gît, fermant à demi ses paupières. Parfois, avance une patte que terminent cinq longs doigts fuselés. Sa robe, aux taches discontinues, plutôt verdâtre, brille, étincelle sous le ruissellement lumineux. A quoi rêve-t-il? A quoi peut-il penser? Entre sept et dix heures, cette bronzette, n’a qu’un but: élever sa température. Puis, rôti à point, ses batteries rechargées, le lézard des murailles est fin prêt. Slisss, du haut de son promontoire, examine les alentours. Coup d’œil vers le bas où se pressent pâquerettes, myosotis, violettes et gazon miteux. Puis il jette un cil vers l’azur, pour l’heure déserté des oiseaux. Rassuré, Slisss descend prudemment, toujours aux aguets, vers les caches herbeuses. Il explore, furette, gobe une mouche, se régale de quelques pucerons. Ce menu, bien que varié, est loin de contenter son estomac gargouillant. Il ambitionne quelque chose de plus consistant. Le monte-en-l’air se coule entre les souches d’iris: rien. Au pied des euphorbes peut-être? Néant. Désappointé, mais nullement découragé, le lézard serpente d’une ombre lavande à une éclaboussure dorée, toujours sur le qui-vive. Son safari le conduit au pied d’escaliers décatis par les ans. Là, une agitation sourd d’une fissure, l’attire et le retient. Plusieurs fourmis, à la livrée rouge et noire, se livrent à un étrange exercice. De minuscules ouvrières entrent et sortent, parfois accompagnées par des soldats aux mandibules agressives. Fondu dans la verdure, Slisss attend. Le manège incompréhensible se poursuit, quand soudain surgissent une, puis deux fourmis ailées. Elles avancent hésitantes, malhabiles, sur la marche tavelée de lichens. Quelques chanceuses s’envolent. Mais un bon nombre terminent dans la gueule du pillard. Ce fretin bien agréable ne cale pas sa panse affamée. Vif éclair, Slisss franchit la frontière bétonnée, reprenant sa quête entre thyms et géraniums vivaces. Au vert fenouil se confond un anis dodu à souhait. Mais il en faut plus pour tromper la pupille affûtée du saurien. Slisss examine la chenille. Cette dernière est lisse, énorme. Il la pince à peine, comme pour goûter cette nourriture alléchante. Puis, la saisit à mi-corps, pour la relâcher aussitôt. Nouvelle tentative en mordant près de la tête. Toutes ces agaceries font rétracter son déjeuner. Le museau reptilien tente plusieurs approches, sans succès. Comment s’y prendre? Notre génie écailleux cogite, calcule; pour enfin, idée lumineuse, se placer face à son repas. Simple mais efficace. Le reste va tout seul. Déglutition après déglutition, la monstrueuse chenille termine au cimetière des gibiers. Repu, Slisss s’installe confortablement pour une nouvelle séance de farniente.

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MMR ( tous droits réservés)

20 juin 2021

A la fête aux fourmis

Filed under: animaux, insectes... — Étiquettes : , , , , — Martine @ 4 h 45 min

Il faut que je vous raconte quelque chose que je n’avais jamais vu.

Cette semaine, par trois fois, en fin de journée, des fourmis noires se sont mises à circuler en tout  sens, très excitées, sous et autour de la porte fenêtre de notre salle de séjour.  Des petites, des moyennes, des grosses; et des très grosses ailées. J’ai pensé à un essaimage.  Pour le moment, rien que de très banal me direz-vous.

Toute cette agitation, cette exubérance, a attiré  un lézard, puis un second, plus petit. Là aussi, rien d’extraordinaire. Au même endroit, l’an dernier, j’avais déjà remarqué  la fête à la fourmi pour ces sympathiques reptiles ( au moins sept ou huit) . Ils avaient fait bombance.

Mais tout ce remue-ménage a retenu l’attention de gros yeux affamés. Et un! Et deux! Et trois geckos  s’invitant sans façon! Plus un quatrième alerté par cette partie de chasse à domicile.

Et je file à droite. Et zou! Je fonce à gauche! Les nouveaux venus ont un appétit d’enfer et semblent vouloir occuper tout l’espace.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tous les lézards ont disparu, sauf un.  Il avance, mine de rien,  espérant capturer un alude* grassouillet à souhait.  Mais les geckos ne sont pas d’accord pour partager cette manne. Mais alors, pas du tout,  du tout!

Ils se dressent lentement sur leurs pattes, bombent le dos et avancent vers le lézard en se tenant de profil.  Je suis désolée de n’avoir pu réussir le cliché où ils sont étirés à leur maximum.  C’était une scène saisissante. Le pauvre lézard n’a pas insisté et a filé vite fait.  Les quatre geckos ont poursuivi leur repas pantagruélique  jusqu’à l’arrivée surprise de quelqu’un qui a mis tout le monde en fuite.

Monsieur Merle!  Le bec encore noir du terreau de mes carrés potagers qu’il fouille sans vergogne.

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MMR ( tous droits réservés)

* alude: nom donné, en Provence,  aux fourmis ailées .  Marcel Pagnol en a si joliment parlé.

19 avril 2020

Avril! Vous avez dit avril?

Filed under: animaux, insectes...,au Jardin: fleurs, arbres... — Étiquettes : , , , , , , , , , — Martine @ 3 h 09 min

Avril à l’humeur changeante

Déambulations

Cheminement méditatif

Le regard vague

Flottant et léger

Se réchauffe à l’or des euryops

Se coule au secret d’un iris ténébreux

S’arrête

Curieux

Près du cétoine doré

Occupé à brouter la neigeuse spirée.

La flânerie reprend,  langoureuse, charmée par  les trilles d’un merle inspiré.

L’air saturé de parfums enveloppe

Caresse,

Étourdit délicieusement.

Œillets mignardises

Pois de senteur

Tabacs et jasmin

Coronille et lilas

Maintes fragrances ensorcelantes

Racontent

Volubiles

Les amours mésanges

Verdiers et sansonnets

Moineaux et chardonnerets

La quête pollen de l’abeille dévouée

La séduction rustique de Punaise pour sa belle.

Tandis que sur sa souche, Zard , lézard des murailles, la faim au ventre, guette , avide, l’étourderie mouche ou chenille.

Fièvre vernale à l’enclos du jardin

Où le pas nonchalant

Erre

Détendu

Oublieux de la montre

De la folie des hommes.

Le cœur s’ouvre grand à Nature sereine.

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MMR ( tous droits réservés)

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