Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

9 juillet 2023

Les chiens

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Étiquettes : , , , , , , , , — Martine @ 7 h 07 min

Vous vous souvenez de la chanson « Avoir un bon copain **  » interprétée par Henri Garat? Par Georges Brassens également * .  J’étais petite, mais je m’en souviens encore.  Et bien, celle-ci m’est revenue en  tête en observant une jolie scène à la plage.

.

Septembre en maillot, avec seau et pelle de petit enfant , par un bel près-midi où le soleil chauffe merveilleusement la peau. La marée descend découvrant une multitude de délices iodés.

.

Jusant pacifique-

Des mouettes, goélands et

Crabes sauve-qui-peut!

.

 Sur le sablon brûlant,  quelques courageux ( ou inconscients) se font rôtir par Phébus. D’autres personnes, sagement assises sous un parasol, devisent en souriant. L’une, un peu mélancolique, parle de Paris qu’elle va bientôt retrouver. L’autre, plus chanceuse car vivant à Bordeaux, pourra continuer à jouir de cette plage tranquille encore bien des fois d’ici l’hiver.

.

Soleil véhément-

Des baigneurs engourdis plus

Un vif cerf-volant

.

Sur le sable humide, deux chiens s’amusent comme des petits fous. Pas un ouaf! ouaf! Juste leur souffle bruyant et le crissement des grains sous leurs pattes.

Jeux de plage-

Courir! Sauter! Pirouetter!

Deux chiens pour un bâton

.

MMR ( tous droits réservés)

Avoir un bon copain, chanté également par Gorges Brassens: ICI

* * Connaissez-vous l’origine du mot copain?  Elle vient de compaignon ( compagnon)  , et de compain:  le compagnon avec qui l’on rompt le pain.

11 juin 2023

Au jardin de Juin

La danse des nigelles

Sur un air Tramontane

Courtise le poète

 Rhythm ‘n’ blues occitan

Un duo Serapias

Castagnettes et tango

Ébouriffe les herbes

Clefs de sol amoureuses

.

.

.

.

.

.

.

.

Indifférente aux flèches

De l’amour fandango

Le bleu-mer d’une mouche

Se saoule de pollen

Aux vagues des jupons

D’une rose mutine

Ondoyer et rêver

Au gré de son parfum

.

MMR ( tous droits réservés)

Merci beaucoup pour tous vos commentaires qui font vivre ce blog. Quelle joie que de les découvrir! 🙂

4 juin 2023

Songes

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Étiquettes : , , , , , — Martine @ 4 h 55 min

Chemins couleur de lune,

Où serpentent les rêves,

Sur vos sables-pétales

J’efface mes épines.

.

Mes appétits d’ailleurs,

Passe-partout opale,

Ont découvert une clef,

De songes et de soupirs.

.

Sur des notes enchantées,

Un zéphyr me fredonne,

Des paroles sans âge,

Historiettes du Passé…

.

MMR (tous droits réservés)

poème écrit en janvier 2009

Merci pour tous vos commentaires qui font chaud au cœur.

21 mai 2023

Un lever

Le matin, très tôt. Instant privilégié où tout dort encore. Pas une moto, pas une radio, aucun bruit parasite. Ce pourrait être à la maison bien sûr. Mais je préfère me souvenir de ces levers face au Bassin lorsque nous y passons nos vacances.

Matin douceur-

La chaleur de mon thé

Celle de Phébus

Sur la terrasse, accoudée à la table, les doigts entrelacés autour du bol, je laisse vaguer mon regard en me repaissant du parfum, de la vue sublime. Sous la caresse insistante du soleil, l’eau du Bassin rosit comme une jeune fille en émoi. Il faudrait inventer un adjectif pour dépeindre cette couleur. Ni rose, ni orangée. Incarnadin peut-être? Chez moi, le peintre n’est jamais bien loin.

Marée basse-

Le nez des bateaux figé

Le mien tout fringant!

 Une aigrette garzette vient se poser tout en délicatesse juste en face de moi. Sans perdre de temps la voici qui se penche et fouille l’eau paresseuse. Son merveilleux plumage neigeux  vire au rose dragée  sous les doigts immatériels de l’artiste solaire.

Pinceau lumineux

Sur plumage immaculé

Lavis éphémère

L’aigrette au soleil levant

Insensible à l’art… chasse

.

MMR ( tous droits réservés)

11 avril 2023

La fontaine

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Étiquettes : , , , , , , , , — Martine @ 10 h 03 min

Il est une source claire, évadée d’un trou bien caché. Elle bondit libre et si légère à la lumière de Phébus attendri. C’est qu’elle se languissait cette eau  au cœur du ventre ténébreux de la Terre. Seule la musique monotone d’un goutte à goutte lui tenait compagnie. Parfois un courant d’air intermittent  animait à peine son miroir.  Ou encore, plus brutal et soudain, l’éclat d’une roche  chutait provoquant des vagues concentriques. Et c’était tout! Quel ennui!

Temps fossilisé-

Geyser sans fin de spleen pour

L’eau cavernicole

Mais voici qu’un jour, ou plutôt une nuit pour cet esprit aquatique,  un grondement monta des profondeurs; se propagea de strates en strates, pour envahir, assourdissant, sa prison granitique. Fracas! Éboulement! Émoi! Puis, stupéfaction! Éblouissement! Bonheur! Une clarté fabuleuse venait de gommer l’opacité éternelle.  Ce petit tremblement de terre avait créé une fissure par laquelle le flot enfin libéré pouvait s’enfuir.

Au soleil-

Trilles sur trilles, le merle

D’écho en écho, la source

L’eau glougloute de contentement en émergeant entre deux mottes d’herbes.  Tout lui paraît extraordinaire: l’azur infini, la végétation, les insectes et animaux s’abreuvant à sa liqueur de vie… Joyeuse, elle va de découvertes en découvertes. Ru limpide, la voici filant, insouciante, au cœur du vallon alpin. En chemin, sa beauté pure est capturée pour ennoblir une ravissante fontaine. Parée de mousse  émeraude celle-ci sert d’abreuvoir et de piscine aux oiseaux  de la forêt toute proche. Cascadant aux lèvres de ses vasques, l’onde, nullement bridée,  poursuit sa route vers l’inconnu à explorer.

Azur scintillant-

Piste jalonnée d’arbres

Celle du ruisseau

.

MMR ( tous droits réservés)

Merci pour tous vos commentaires et réactions qui font vivre ce blog.  Je les lis tous avec un immense plaisir. 🙂

 

2 avril 2023

Le saviez-vous?

Pour l’Herbier de poésies, ICI , Adamante, ICI ,  nous propose d’écrire  sur une de ses toiles

.

Le saviez-vous? Il existe une planète entièrement dédiée aux végétaux. Si! Si! Ce n’est pas une galéjade. Je vous assure que c’est la plus stricte vérité. Pour preuve, c’est le vent printanier qui me l’a murmuré ce matin en caressant ma joue. Chaque fin mars, la brise parfumée saupoudre les jardiniers ( ainsi que tout amateur de nature) de notes florales jacinthes, narcisses, pruniers, violettes de Toulouse, primevères… Un enchantement olfactif. Un bonheur tout simple nous laissant délicieusement engourdis, le cœur empli de joie. Cette fois pourtant, à la différence des années précédentes, j’ai entendu, ou plutôt ressenti, une pensée insistante, comme une voix ténue au creux de mon oreille.

« Écouteeee… écouteeee… cet hymne azuré voguant de monde en monde

Apprennnds… apprennnds… la vérité cachée sous les siècles obscurs

Reçooois… reçooois… ces mots d’amour vibrants offerts sans retenue

Partageeee… partageeee… ce message d’espoir coloré de magie

Printemps est l’émissaire, le semeur prodigue né sur une boule d’énergie.  Planète minuscule aux franges de l’univers visible, Printania libère sans compter des flots d’ondes positives, de mots dorés, de sentiments tendres et féconds.  Ni masculin, ni féminin, son héraut diffuse à profusion les graines d’un triumvirat. Trois arbres anodins puisant dans les prairies fleuries de leur terre mère un pouvoir incommensurable: celui de créer, d’animer les poussières d’étoiles et d’engendrer la vie. »

.

Corne d’abondance-

Il distribue sans compter

Le zéphyr vernal

.

.

.

.

.

.

.

.

.

MMR ( tous droits réservés)

 

19 mars 2023

D’un ajonc à l’autre

Pour l’Herbier de poésies, ICI , Adamante, nous propose d’écrire sur une photo de Balaline, ICI

.

Le soleil, cet or brûlant les yeux à l’imprudent qui le fixe. Cette belle couleur jaune a la puissance de la passion flamboyante. Une teinte que l’on rencontre partout. On en  use, on en abuse avec une prodigalité vorace. Laissons de côté la négativité ( car hélas elle existe aussi) pour ne raconter que la positive: des rideaux velours moutarde dans ma salle de séjour, en passant par mon gros pull safran si confortable, en continuant avec un plat au curry indien dont la chaude nuance  suffit à me faire saliver. Il existe une infinie variétés de cette couleur autour de nous. Avec le printemps, les premiers pissenlits s’épanouissent alors que les mimosas vont bientôt tirer leur révérence. Hier, la pluie s’était invitée dans mon coin du sud.

.

Mars-

Il fait un temps merveilleux

Plusieurs fois par jour

.

Pour les incas, l’or, c’était « la sueur du soleil ».  Pour moi, l’or de certaines fleurs a le don de me faire voyager au pays des souvenirs. L’algelàs, ou ajonc de Provence,( nommé argeras en pays d’Aix)  me ramène à mes belles balades sur les flancs de la Sainte Victoire. Mais son cousin l’ajonc d’Europe , qui m’a plus d’une fois piquée de ses dards, éclaire le chemin de maintes promenades familiales en forêt landaise. Ou, pour la plus récente, en solitaire, sur la presqu’île du Cap-Ferret*

Hélichryses, genêts, ajoncs… Sous le feu de Phébus, leurs parfums entêtants se mêlent à celui de la térébenthine exhalée par les pins.

.

 Voyage-

Du printemps à l’automne

Mon nez pour gouvernail

.

 

MMR ( tous droits réservés)

*balade racontée précédemment sur mon blog à l’aller:  ICI  et le retour: ICI

12 mars 2023

Rouge! Rouge! Et rouge!

Rubis! Fraise! Groseille! Ou encore framboise/cassis. Ce n’est pas le choix qui manque en matière de fruits rouges. Dame Lune fait sa timide ce soir. Elle ne laisse apparaître que son sourire fardé d’un rouge prune Gypsy. Celui-ci, tout aussi savoureux que les précédents, me rappelle la succulente confiture de ma grand-mère maternelle. Son grand prunier au feuillage pourpre produisait en abondance de petites drupes juteuses, parfumées et sucrées, à la chair orangée agaçant un peu les dents.  Quel régal sur nos tartines!

Au goûter-

Même une guêpe rapplique

à l’appel de Mamée

.

Spectacle sans cesse renouvelé, le lever de soleil m’émerveille tout au long de l’année. Bien que ses plus belles compositions s’épanouissent entre décembre et février. Comme au théâtre, j’attends les trois coups! Instant rarissime, la cloche de l’église salue l’ouverture de ce concert lumineux. Indifférents, deux merles se poursuivent méchamment tandis qu’une tourterelle commente de son cri monotone.

A Prime *-

L’œil me regardait, radieux

Instant suspendu

.

Depuis quelques jours, Monsieur Rouge-gorge a une copine. Il est de notoriété publique que ce petit oiseau est très territorial, belliqueux et redoutable envers ses congénères. Mais là non, pas du tout. Il affiche la zen attitude. Roméo n’est jamais bien loin de sa Juliette. J’ai réussi à les voir, une fois, à une cinquantaine de centimètres l’un de l’autre. Quel couple adorable!  Tandis que Monsieur gonfle le plastron, roule des mécaniques, Madame, craintive, s’effarouche d’un rien.

Matin hivernal-

Dans l’herbe sèche le feu

D’un rouge-gorge

.

.

MMR ( tous droits réservés)

* Prime: c’est la première heure du jour, au lever du soleil ( environ 6 heures du matin pour nous) : renseignement pris sur ce site: ICI

26 février 2023

C’était il y a longtemps…

Pour l’Herbier de poésies, ICI , Adamante nous propose d’écrire sur cette photo de Nathalie Guillon-Manaud

 

C’était il y a longtemps, dans un petit village montagnard.

Jeune citadine fraîchement mariée, elle est un peu déroutée par les mœurs paysannes locales. A commencer par l’accent très différent de ceux croisés au cours de ses nombreux déménagements aux quatre coins du pays. Son oreille doit s’acclimater. Et quelle  impression bizarre que de vivre comme en pays étranger parmi ces gens s’exprimant très souvent en occitan. Bien qu’ayant encore quelques notions d’espagnol appris au lycée, de grands pans de conversations lui échappent. Heureusement, un matin, où la fenêtre de la salle de séjour est grande ouverte, une vieille dame souriante s’avance et l’interpelle .

– Bonjour! Je suis madame Agut. Boudiii!  Je pense souvent à vous et je me dis. Pauvre petite, loin de sa famille. Comme elle doit s’ennuyer lorsque son mari travaille en forêt toute la journée. Vous me rappelez ma fille partie très loin elle aussi pour ses études de vétérinaire.

– Enchantée de faire votre connaissance madame. Je m’appelle Cécile.  Oui, ce n’est pas toujours facile ici pour une fille de la ville.

– Venez chez moi  boire un petit thé. Cela vous fera du bien et nous ferons plus ample connaissance.

C’est ainsi que Cécile se fait une grande amie, presque une seconde mère. Madame Agut et son mari la prennent sous leur aile. Très souvent, vers 16 heures, elle va se réchauffer d’un thé ou d’une infusion , les pieds au plus près possible de l’âtre en hiver.

Reflets de l’été

Sur toasts confiturés-

Pied de nez à l’hiver

Aux beaux jours ils l’emmènent dans leur vieille 4L pour des balades aux alentours. Cueillette des narcisses en mai, des fraises des bois en juillet, des framboises en août, des mûres, noisettes et champignons en septembre/octobre.  Ah l’automne! C’est aussi l’époque de la confection de magnifiques bouquets secs tout en écoutant les histoires d’antan contées par Mr Agut.

Loisir créatif-

Le Cers* fulmine aux vitres

Rires au coin du feu

.

MMR ( tous droits réservés)

*Le Cers: Renseignement Wikipédia:

Le cers, ou çers, (en catalan : el cerç) est un vent venant du nord-ouest de Narbonne, parfois très violent, soufflant dans le Languedoc près de la côte méditerranéenne. Il est toujours sec, mais est froid en hiver et parfois très chaud en été.

19 février 2023

Le Marché de Carcassonne

Pour L’Herbier de poésies, ICI, Adamante nous propose d’écrire sur un de mes pastels: Le Marché de Carcassonne.* Après un an d’arrêt complet, je reprends doucement ma pratique du pastel.  Ma plume est rouillée elle aussi, laborieuse. Merci à Adamante de m’avoir aidée à la réveiller.

Ce matin, un soleil radieux invite à sortir.  La tramontane s’est assagie après trois journées infernales. L’air est clair, vif. C’est samedi,  jour de marché à Carcassonne.  Pourquoi ne pas y faire un tour?

Après un petit quart d’heure en bus,  voici  mon arrêt, à un saut de puce de la Rue Piétonne.

 Feu rouge!

 Chauffeurs, piétons, aux starting-block

Là-haut, les martinets sifflent

Nous sommes nombreux à descendre.  Le Marché du samedi est le mieux achalandé de la semaine et attire par conséquent bien des amateurs de produits frais et variés. Pressée, je jette à peine un coup d’œil aux vitrines en me hâtant vers la Place Carnot.  En cinq minutes me voici rendue. Sous les platanes  il fait encore très frais pour un mois de juin. L’orage de la veille y est sans doute pour beaucoup.  Mais qu’importe. Délice étourdissant que de me laisser aspirer par un joyeux tohubohu; entrainer dans le mouvement continu de la foule entre les étals. Ici des collines de légumes et fruits éclatants de santé; plus loin les essences menthe, basilic et citronnelle s’évadent des stands maghrébins. Toutes sortes de pains au levain côtoient les miels du pays…. L’odeur astringente des olives lutte contre celle envoutante des roses. Ce jour, que de fleurs offertes à foison où se perdent quelques abeilles soûles!

Au soleil –

Interjections, sourires

Tout le Marché dans mon panier!

.

MMR ( tous droits réservés)

*Le Marché de Carcassonne que j’ai peint est celui d’avant les travaux d’aménagement de cette place Carnot. A cette époque là, le samedi matin, il était énorme. Les étals des marchands débordaient tout autour dans la rue piétonne ainsi que dans la rue de Verdun , remontant en  faisant le lien avec les halles. .  Il était d’une richesse inouie.

« Newer PostsOlder Posts »

Powered by WordPress