Il est une source claire, évadée d’un trou bien caché. Elle bondit libre et si légère à la lumière de Phébus attendri. C’est qu’elle se languissait cette eau au cœur du ventre ténébreux de la Terre. Seule la musique monotone d’un goutte à goutte lui tenait compagnie. Parfois un courant d’air intermittent animait à peine son miroir. Ou encore, plus brutal et soudain, l’éclat d’une roche chutait provoquant des vagues concentriques. Et c’était tout! Quel ennui!
Temps fossilisé-
Geyser sans fin de spleen pour
L’eau cavernicole
Mais voici qu’un jour, ou plutôt une nuit pour cet esprit aquatique, un grondement monta des profondeurs; se propagea de strates en strates, pour envahir, assourdissant, sa prison granitique. Fracas! Éboulement! Émoi! Puis, stupéfaction! Éblouissement! Bonheur! Une clarté fabuleuse venait de gommer l’opacité éternelle. Ce petit tremblement de terre avait créé une fissure par laquelle le flot enfin libéré pouvait s’enfuir.
Au soleil-
Trilles sur trilles, le merle
D’écho en écho, la source
L’eau glougloute de contentement en émergeant entre deux mottes d’herbes. Tout lui paraît extraordinaire: l’azur infini, la végétation, les insectes et animaux s’abreuvant à sa liqueur de vie… Joyeuse, elle va de découvertes en découvertes. Ru limpide, la voici filant, insouciante, au cœur du vallon alpin. En chemin, sa beauté pure est capturée pour ennoblir une ravissante fontaine. Parée de mousse émeraude celle-ci sert d’abreuvoir et de piscine aux oiseaux de la forêt toute proche. Cascadant aux lèvres de ses vasques, l’onde, nullement bridée, poursuit sa route vers l’inconnu à explorer.
Azur scintillant-
Piste jalonnée d’arbres
Celle du ruisseau
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