Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

23 janvier 2022

Le Maître du temps

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , , , — Martine @ 5 h 31 min

Pour l’Herbier, ICI, Adamante nous propose d’écrire sur une photo de Claudie

Le hasard fait que voici un autre sujet sur la lune juste après ma lune rousse. J’ajoute au cliché de Claudie, l’un des miens sur fond bleu.

 

Le maître du temps s’ennuie. Orages, grêles, moussons, tornades, cyclones, ouragans, brouillards givrants et autres tempêtes de neige, encore et encore. Bof!

Blasé, il regarde autour de lui en quête d’un nouveau jouet.

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Ciel bleu ou nuage?

Tresser un ruban terni

D’instants plein de vide

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Soudain, il remarque une boule blanche, étincelante bien qu’un peu tachée. Mais oui! C’est ça! La lune! Il avait oublié cet astre qui inspire tant les poètes. Et quel plaisir que de les mystifier ce soir.

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Soirée romantique

Le doux sourire de la lune

Celui des amants

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Ragaillardi, le redoutable personnage sourit comme un enfant. Il aimante du bout du doigt la boule argentée et la fait glisser le long d’un toit, d’une grue vertigineuse, d’une montagne ou d’un cyprès pointu.

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Nuit d’automne –

Est-ce le vent qui pousse

La lune?

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Boule de flipper, Séléné, roule dans le ciel, joue à saute-mouton entre les cheminée des usines. Tenez! La voici chapeautant un volcan telle un bouchon de champagne. Le Maître du temps s’amuse follement. Il envoie des flèches de vapeur brûlante, découpe, tranche le satellite à sa fantaisie.  Les badauds s’interrogent. La lune n’était-telle pas pleine tout à l’heure? Que ce passe-t-il là-haut?

Entre chien et loup-

Sur les badauds ébahis

Lune mal lunée

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MMR ( tous droits réservés)

16 janvier 2022

La lune rouge

Filed under: Océan et Bassin d'Arcachon — Étiquettes : , , , , , , — Martine @ 5 h 17 min

C’est une nuit  douce et tiède au bord du Bassin. Une nuit propice aux murmures caressants et aux tendres confidences.

Nuit câline-

Courbes des vaguelettes

Celle de mon sourire

Libre, tranquille, mon regard erre à la surface de l’eau.  Là-bas, face à moi, clignotent les mille yeux d’Arès.  L’écho d’une fête  s’évade de sa plage pour venir s’échouer à mes pieds.

Disco et tango

S’entendent à fouetter les sens-

Mon âme chaloupe

Quelque part au cœur du pin qui me surplombe un oiseau  ( certainement mélomane) lance trilles et notes brèves.

Et puis..

Et puis…

La lune s’élève lentement au-dessus d’Arès. Ronde, énorme, énigmatique.  Peu à peu un léger filet brumeux enlace nonchalamment cette bulle rubis tandis que l’astre accorde ses reflets or et pourpre au rythme des danses et des flots enchantés. L’effet est sublime.

Sur l’écrin velours obscur

Scintille un joyau-

Lune fantastique

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MMR ( tous droits réservés)

9 janvier 2022

Un vieil original

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , — Martine @ 5 h 13 min

Pour l’Herbier de poésies, ICI, Adamante, nous propose d’écrire sur cette photo.

A l’entrée du village une vieille maison tenait bon vaille que vaille sous le joug des années.  Son toit, ma foi, avait l’air en assez bon état. Par contre,  le crépi des murs partait en larges plaques ici et là. Surtout, côté nord, face à la forêt toute proche.

Au soleil d’hiver-

Une maison solitaire

Et les jeux du vent

Cette bicoque, aux portes et volets toujours clos, était la demeure d’un vieil original.  Béret noir, vêtements noirs, mains et visage comme passés au cirage*. Tout le monde l’appelait La Mado. Je le voyais passer, véloce, lorsque je travaillais dans mon jardin. Jamais un mot. Juste un salut bref assorti d’un sourire timide.

Au bord du chemin-

Salut et bouche cousue

Courtoisie champêtre

Il partageait son logis avec deux vaches étiques. Une compagnie qui le réchauffait dans tous les sens du terme.  Parfois, je l’apercevais, au loin, fauchant l’herbe débordant des champs environnants. Puis il repassait, toujours aussi pressé, disparaissant presque sous son fardeau luzerne et sainfoin.

 

Sourd à l’angélus

Il n’entend que ses vaches-

Vieillesse excentrique

J’avoue qu’à notre arrivée dans ce petit patelin, il m’effraya. Mais, très vite je découvris que c’était un très brave homme.

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MMR ( tous droits réservés)

* J’appris plus tard qu’il se passait sur le visage et les mains une espèce de pommade anti-mouches.  Le ou la mouchine.

Merci beaucoup pour  lectures silencieuses et vos commentaires  très appréciés

14 novembre 2021

Bleu! Si bleu!

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , , , , — Martine @ 2 h 04 min

Pour l’Herbier de poésies, ICI  ,Adamante nous propose d’écrire sur un de ses dessins.

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Certains jours, tous les synonymes ne suffisent pas à traduire sa beauté extraordinaire. Je veux parler de la couleur bleue. Ma préférée.  Ah! Ces nuances mouvantes de l’océan par un bel après-midi de septembre…

Océan lapis-

Jouer avec la mouette à

Pic et pic  et plouf!

« Si je me marie, ce sera avec un garçon qui aura les yeux bleus! » affirmais-je, catégorique, à douze ou treize ans. Et, chance, mon vœu s’est réalisé.

Méditerranée-

Son éternel été

A les yeux de l’amour

Souvenir de vacances. Ma grand-mère paternelle avait l’habitude de placer une boule bleue* dans sa lessive de draps et autres serviettes. Puis, elle étendait ceux-ci sur l’herbe. « Pour les faire blanchir » disait-elle.  Je revois encore ce léger reflet azuré au froissé du linge. Ce que c’était beau. Mais, une fois, quelqu’un  d’autre avait été attiré, tout comme moi, par cet éclat virginal.

Soleil aoûtien-

Les toiles des draps signées

par la Grisette

Cette chatte aurait pu être l’héroïne d’un conte à l’image de celui du Chat botté.  Elle était très gentille, caressante, se frottant à nos jambes, ronronnant telle un diesel. Pourtant, sous son air câlin, elle cachait une bonne dose de roublardise. J’ai connu un autre Mistigri qui n’avait rien trouvé de mieux que d’approcher  d’un peu trop près l’un de mes pastels. Celui-ci, vaporisé de fixatif, était en train de sécher appuyé contre la façade de notre maison. Apercevant la manœuvre  du félin, je criais. Surpris, le minet bondit en arrière, heurta le tableau, le fit tomber sur lui, s’agita dessous puis fila dare-dare. Cyan, indigo, turquoise, marine, violet, mauve, jaune, orange. Quel tableau bondissant!

Haro  sur le chat-

Sauve-qui-peut arc-en-ciel

du matou maté

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MMR (tous droits réservés)

*bleu de méthylène

24 octobre 2021

Sortilèges et fantasmes

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , — Martine @ 5 h 14 min

Pour l’Herbier de poésies, ICI, Adamante nous propose d’écrire après avoir lu ou écouté « la sonate des trois messieurs » de Jean Tardieu  ICI

 

Le souvenir d’une journée chaude se dissolvait lentement  à l’horizon. Tandis qu’au cœur d’une aura indolente, la nuit étendait langoureusement ses voiles opalescents. Son toucher vaporeux lissait inlassablement l’eau du grand lac. Comme pour gommer  un monologue parasite.

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Friselis ténus-

Sur la vaste étendue d’eau

Nocturne pour harpe

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Une impression étrange montait, ondulait près de la surface. Le temps semblait se dilater extraordinairement comme un ballon près d’éclater. Puis se rétractait jusqu’au soupir  rose thé d’une âme extasiée.

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Sur le piano à queue

des cannes des roseaux

Légende aquatique

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Arpèges au goût astral unis à un sourire flottant.  Voici qu’à fleur d’eau ondoyait un visage inouï. Beau? Laid?  Déconcertant, c’était certain. Des yeux immenses, très allongés vers les tempes. Le nez droit et court.  La bouche? Ah cette bouche aux lèvres pleines, esquissant un sourire lascif, attirait et repoussait en même temps.  Était-ce un triton? Un atlante? Un extraterrestre? Une chimère née de cette heure entre chien et loup? La  réponse mourut sous les palmes d’un canard tapageur…

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Avant-nuit marine-

Sortilèges et fantasmes

Perdus corps et biens

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MMR ( tous droits réservés)

22 août 2021

Mystification et bouffonneries

Filed under: animaux, insectes...,Océan et Bassin d'Arcachon — Étiquettes : , , , — Martine @ 3 h 33 min

Quel est donc ce bruit au-dessus de nos têtes? Mon mari et moi nous regardons, interloqués, puis levons les yeux vers le plafond de notre mobil home. Boum! Boum! Boum! Intrigués nous nous approchons doucement de la porte d’entrée et cherchons à deviner la source de ce bruit soudain.  Boum! Boum! Boum! Et là, nous découvrons… l’écureuil!

Facéties rousses

Sur les rêves de la sieste

Chocs en cascades

 

P’tit Roux fait encore des siennes. Ce n’est pas la première fois que nous entendons ce boucan. Mais là, nous l’avons enfin identifié et pris le petit farceur  en flagrant délit.

 

Cette petite boule de poils nous enchante et fait fleurir les sourires. Le crissement caractéristique de ses griffes sur l’écorce du pin et du chêne m’attire comme un aimant. Quel plaisir que d’admirer sa virtuosité à jouer les funambules, les équilibristes.

 

 

 

 

 

Leurre et pitreries

Entre les feuilles du chêne

L’écureuil gymnaste

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MMR ( tous droits réservés)

Je vous remercie pour vos commentaires et partages de souvenirs. Ah cet écureuil! Comme je l’aime! 🙂

23 mai 2021

Nuit estivale

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , , , — Martine @ 5 h 21 min

Pour l’Herbier de poésie, Adamante, ICI ,  nous propose d’écrire sur sa photo en écoutant un concert de grillons lors d’une belle nuit d’été.

Août

Il fait chaud, très chaud.  Volets entrebâillés, fenêtre grande ouverte, un léger souffle d’air agite à peine  les rideaux.

Entre deux rêves-

Le merle dans l’olivier

Insomnie aussi?

Je repousse le drap et  décide de descendre à la cuisine.  Un verre d’eau fraîche à peine citronnée à la main  je sors sur la terrasse.

Nuit estivale-

Concert criquets et grillons

Solo d’un oiseau

Pas un nuage. La lune règne sans partage. Sous sa lumière éblouissante, tout prend un relief absolu.  Héliotropes et chèvrefeuilles composent une partition lourde et enivrante. Je me laisse envahir par une douce langueur.

L’argent astral

Dégouline de feuille en feuille-

Un papillon s’y baigne

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MMR ( tous droits réservés)

14 mars 2021

Feu solaire

Pour l’Herbier de poésie, Adamante,  ICI nous propose au choix deux Fauves,  à l’écriture d’un haïbun.

 

« La joie de vivre » d’Henri Matisse .

Huile sur toile de 174X238, exposée à la fondation Barnes , près de Philadelphie

 

Ou ( et)

André Derain  (1880- 1954)

« L’Estaque, route tournante », 1906,

Huile sur toile de 129,5X195, exposée au Museum of Fine Arts Houston

 

5 choses à savoir sur le fauvisme dont Henri Matisse fût le chef de file: ICI

L’inspiration m’a conduite à m’inspirer des deux peintures en même temps.

 

 

C’est dimanche. Le temps est merveilleux.Trois jeunes filles, trois collègues de travail , cheveux au vent, sourire éclatant, filent vers la Méditerranée au train laborieux d’une vieille 4L. Qu’importe le rythme poussif de cette pauvre voiture, le moral est au beau fixe.

Matin radieux-

Rafales de rires  et

la chanson des cigales

Les paysages se succèdent comme autant de cartes postales. Bleu, rouge, vert, ocre…  La journée est comme peinte par un artiste fou de couleurs.  Des noms affluent et se bousculent dans ma tête: Georges Braque, Charles Camoin, Maurice de Vlaminck, Henri Matisse, André Derain…

Éclaboussures-

Sur la toile des pensées

Tableaux de Maîtres

Parties à l’aventure, à moment donné, une décision doit être prise. Quelle direction prendre? La première propose: « Le lavandou? » Huum! Depuis Aix en Provence? Trop loin!  La seconde lance: « Lestaque? » Moues dubitatives. La troisième prend les choses en mains: « c’est moi qui conduis? Alors c’est moi qui décide! »

Sur la route des vacances

Flotte

Un petit air guilleret

Allez! Fouette cocher! Vaille que vaille nous avançons vers une… surprise. La route semble onduler sous la chaleur. Pins, oliviers, vignes, pins encore… Parfois, rompant la monotonie,  un cyprès dresse son pinceau vers l’azur. Veut-il, peintre fauve, barbouiller le ciel en vert?  Les contours tremblent dans l’air de plus en plus brûlant. Vivement que l’on arrive! Comme pour me répondre,  voici un panneau indicateur: Cassis. Aaaah ! Enfin! Trouver une place à l’ombre pour la voiture. Prendre sacs et serviettes et zou! A nous le farniente en monokini sur Les Roches Plates. Sous les assauts de la lumière, le temps est aboli.

Feu solaire-

Plus un mot. Juste

le soupir du vent

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MMR ( tous droits réservés)

7 février 2021

Sur tes pas ( du Douanier Rousseau)

Pour l’Herbier de poésie, Adamante, ICI, nous propose d’écrire sur le tableau du Douanier Rousseau  « Le rêve » :

Le rêve, une de ses œuvres les plus emblématiques, est le dernier tableau peint par l’artiste. On y voit une femme assise sur un canapé au milieu d’une jungle luxuriante : la vie réelle est ainsi mélangée avec des éléments plus oniriques. Un tableau qui a inspiré des artistes comme Paul Delvaux ou Max Ernst pour son Jardin peuplé de chimères

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Fatiguée, desséchée après avoir tourné en rond pendant des heures, errante, me voici perdue.  Le plan indiquant  la petite chapelle peinte dans le style du Douanier Rousseau  semble être une belle farce.  Quelle nigaude! Ah! On ne m’y reprendra pas à gober les histoires du  père Chappelut.

Au début, la promenade fût très agréable.  L’allée cavalière était facile à suivre. Mais, insensiblement, son dessin  s’estompe parmi les herbes et branches mortes. La voie royale mue en parcours d’obstacles. De vagues sentes tracées par les animaux m’entrainent Dieu sait où. Bientôt, à l’évidence, me voici égarée.

Lorsque enfin, au fond de cette forêt, entre deux arbres noirs, là: une trouée lumineuse! Courbatue, griffée, le souffle un peu court, je hâte le pas vers cette oasis éblouissant.

Cette clairière gazonnée abrite  en son cœur un ravissant étang. Dissipée ma torpeur! Oubliée la chaleur! J’arrache mes vêtements et  pénètre dans cette paix liquide. Dérobée,  à l’abri du monde et de sa vaine agitation,  quel délice que de se laisser flotter  à la surface des choses. Hésitants et confus, grenouilles  et têtards frôlent ma nudité. 

Caresses et nageoires

Tapi au fond

 L’inconnu

Retour aux sources,  je me coule hors de mon enveloppe civilisée; redeviens primitive. Dérangée par ma nage, la vie s‘approche, me frôle sans façon. De légers frissons courent sur mes cuisses. Le monde des poissons palpe la sauvage. Barbotant doucement je goûte ce délicieux supplice.

Fougères et roseaux,

Paravent d’ombre mouvante,

Fugue en tapinois

Immobile, me faisant discrète,  j’écoute battre le cœur de Gaïa. Magie d’un autre temps, la jungle minuscule m’enveloppe d’oubli, de douceur. Cette sérénité émeraude possède un charme puissant irrésistible. 

Conciliabules

Libellules et moucherons

Mon âme en fête

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MMR ( tous droits réservés)

15 novembre 2020

Sur la longue plage blonde

Filed under: l'herbier de poésie — Étiquettes : , , , , , , , — Martine @ 3 h 21 min

Pour l’Herbier de poésie, Adamante, ICI  , nous propose d’écrire sur les œuvres du sculpteur  Théo Jansen,   ICI   

et puis ICI  ,   et encore ICI

 

Sur la longue plage blonde, les crabes aiment à courir à marée basse. Les petits limicoles picorent crevettes et vers de sable.  Au loin, océan et ciel se disputent l’horizon. Tandis qu’au bord de l’eau…

Entre deux algues

Un coquillage doré

Baye aux corneilles

L’automne ganté de froidure a chassé les vacanciers.  Pas un humain trouble fête.  Le rire des mouettes nargue les nuages aux ventres rebondis.

Ressac serein

Sur la laisse de mer

Trois mouettes festoient

Quand soudain, toute cette tranquillité marine vole en éclats.  Un étrange insecte,  surgi de nulle part, se précipite sur le sable humide.  C’est un géant, un mastodonte tout en ailes et en pattes grêles. Il déroule sa longue carcasse aérienne à folle allure.

Les ailes du vent

Celles de l’insecte

Union éphémère

Cet animal extraordinaire sort tout droit de l’imagination d’un artiste venu du Nord. Mélange de plastique recyclé et de bois, ses œuvres unissent avec bonheur les sciences à la poésie.

Illusion d’optique

Des animaux fabuleux

Un rêve prend corps

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MMR (tous droits réservés)

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