Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

26 octobre 2025

Brinztap

Pour la page 249 de l’Herbier de poésies,  Adamante nous propose d’écrire  en nous inspirant de sa photo ci-dessous:

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Petit, bedonnant, rougeaud, des yeux ronds et noirs, le nez court en trompette surplombant une large bouche aux deux tiers édentée, aussi chevelu qu’un œuf, tel est Brinztap, un fou de musique.

Ce nain, de la tribu des Brinz, vit un peu à l’écart des membres de son clan. Et pour cause: ces derniers ne supportent plus le vacarme que leur frère a le toupet de nommer mélodie.

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Musique! O musique-

nul n’est prophète en son pays

pauvre incompris

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Brinztap est une heureuse nature, invariablement gai, toujours prêt à rendre service. C’est le meilleur des compagnons. Tout le monde l’aime en dépit d’un terrible défaut: son amour immodéré de la musique. Enfin, si l’on peut nommer cela musique! Brinztap, à l’aide de quelques pierres, de formules magiques et d’un peu d’eau chipée à la source chantante, a créé un instrument bizarre, brillant, lisse, aux nuances changeantes de bleu sidéral. Celui-ci réagit au toucher plus ou moins prononcé de son inventeur. S’élèvent alors des sons tantôt aigus, stridents; tantôt caverneux, sépulcraux. Les yeux à demi fermés, Brinztap sourit de bonheur en composant son hymne à la vie sylvestre. Tandis que tout le monde se bouche les oreilles en lui hurlant d’arrêter le massacre.

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Sous les étoiles-

en compagnie des grillons

accords discordants

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MMR ( tous droits réservés)

12 octobre 2025

Cent fleurs étincelles

Pour la page 248 de lHerbier de poésies, Adamante nous propose d’écrire sur sa photo ci-dessous:

 

 

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La sorgue*, obligeante,

Tend au Maître du feu

Un parchemin occulte

Frémissant d’impatience.

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A lui d’ensemencer

Dans un berceau argent

Cent fleurs étincelles

Piquées de lucioles.

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MMR ‘ tous droits réservés)

* Sorgue: autre nom de la nuit

 

 

 

24 août 2025

Le discoglosse peint

Le discoglosse peint est un  crapaud commun appartenant à la famille des alytidae C’est l’amphibien le plus répandu d’Europe.

Vivant principalement dans le sol, il ne sort que la nuit. J’ai eu une sacrée chance de découvrir celui-ci au pied de mon talus. Il a d’ailleurs vite fait de se glisser hors de vue. C’est l’unique fois où j’en ai aperçu un.

Il se nourrit essentiellement d’insectes, d’invertébrés capturés grâce à sa langue visqueuse. C’est donc une excellente aide pour le jardinier.

Durée de vie: 10 ans!

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Avril au jardin-

entre pelouse et massif

un crapaud effarouché

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MMR ( tous droits réservés)

Merci à Lucie qui a corrigé mon erreur d’identification

11 mai 2025

Rose

 

La petite maison rose
Rose
Bouton de rose sur l’avant seuil de l’hiver
Par la rousseur des arbres enclose
La petite maison rose
Rose
Joyau solitaire posé sur satin vert
Oubliée du temps métamorphose

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Les doigts roses de l’aube

Caressent l’instant subtil

Celui secret du jour

Radieux d’espérances…

 

 

MMR ( tous droits réservés)

Poème écrit le 11/05/2018. Cette petite maison se trouve au bord du Bassin d’Arcachon.

 

9 février 2025

Les humeurs du ciel

L’aube orange

gomme

une nuit blanche

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Aurore glacée-

même mon ombre frisonne

retour sous la couette

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Les doigts roses de l’aube

Caressent l’instant subtil

Celui secret du jour

Radieux d’espérances

Mandarine et citron

ce matin

le regard du chat

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Déchirure de cristal

La cloche de l’église

Tambourine à mes rêves

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A pas de loup

A l’avant jour

Lorsque la nuit traîne dans les coins

Quel délice ce petit tour

Dans la fraîcheur de mon jardin

.

Dans un thé bien chaud

dissoudre

ma paresse

Aurore lilas-

le chahut des étourneaux

musèle la cloche

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Point du jour cerise-

les cymbales du soleil

fracassent le somme

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MMR ( tous droits réservés)

2 février 2025

Nocturne

Pour la page 243 de l’Herbier de poésies, Adamante, nous propose d’écrire sur une de ses récréanotes. Ci-dessous ce que cette photo m’a inspiré:

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C’est une nuit estivale particulièrement chaude. Aenor se tourne et retourne dans son grand lit à baldaquin vide, si vide. Elle n’en peut plus et, excédée, tente de libérer ses jambes prisonnières des draps humides. En soupirant, la jeune femme se lève, va à la croisée grande ouverte.  Respirant profondément, tout en ôtant sa chemise devenue inconfortable, elle contemple le magnifique ciel marine.

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Nuit caniculaire-

au diable les dentelles

se vêtir de lune

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A demi cachée par le fin voilage soyeux n’occultant guère la fenêtre, sa nudité se pare de teintes bleues, rouges, violines. C’est irréel et fort seyant.  « Dommage de ne pouvoir se promener ainsi », pense-t-elle. Aenor imagine en pouffant la tête des gardes du château paternel.

Le pâle reflet argenté lunaire joue sur sa peau par tissu interposé. La princesse agite bras et cheveux telle une zingarelle* voluptueuse. Dehors, criquets et grillons rythment son balancé sensuel.

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Fantaisie nocturne-

trémoussements lascifs

la nuit pour témoin

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MMR (tous droits réservés)

* zingarelle: jeune tzigane, bohémienne.

Merci pour tous vos commentaires qui m’ont fait énormément plaisir.  J’aime parler de cette période du Moyen âge! 🙂

22 décembre 2024

A l’orée des rêves

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Étiquettes : , , , , , — Martine @ 17 h 19 min

Il existe un monde, à l’orée des rêves, où tout n’est que sourires et rires.

Nuit de Noël-

Bien au chaud au fond du lit

Tant d’espoirs enfantins

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En grandissant cette faculté à percevoir ce royaume féérique s’estompe chez beaucoup de gens. Pourtant  elle demeure  vivace,  en dépit de tout, parmi les esprits poétiques, qu’ils en soient conscients ou non. Une main mystérieuse, d’un coup de baguette magique, touche la tête des âmes sensibles, les nimbant  d’une corolle lumineuse. Il n’en faut pas plus pour leur ouvrir la porte d’un monde extraordinaire. Celui où les animaux parlent, où les objets prennent vie.

Obscur lumineux-

Au plus profond du sommeil

Royaume enchanté

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MMR ( tous droits réservés)

 

8 décembre 2024

Fenêtre sur… ailleurs

Pour la page 240 de l’Herbier de poésies, Adamante nous propose d’écrire sur une photo d’ABC

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Ils étaient deux, un frère et une sœur. Même forme de visage, de regard, de sourire, de chevelure identique tirée en arrière. Il était extrêmement difficile de les différencier : des jumeaux.

Toujours collés l’un à l’autre, là où Lubin allait, Auriane suivait. Ce jour-là, pétri d’ennui, le duo regardait par la fenêtre. La matinée était déjà largement entamée. Le soleil, débordant la cime des arbres de la forêt toute proche, commençait à pénétrer dans la pièce. Ils soupirèrent de concert. Que faire ? Leurs parents étaient partis très tôt, le père pour bucheronner, la mère pour cueillir baies et plantes médicinales.

— Surtout ne sortez pas ! J’ai aperçu un loup hier. Il n’est certainement pas seul. Aussi, restez à l’abri ! avait intimé le père.

— Mes petits, avait ajouté la mère, soyez obéissants. Promettez-moi d’êtres sages. Je partirais plus tranquille. 

— Promis maman ! Avaient déclaré d’une seule voix les bessons*

À demi rassurée, la femme les avait serrés très fort contre sa large poitrine, puis avait suivi son mari, tout en leur jetant un dernier sourire tremblant. Elle connaissait par cœur le caractère fantasque et indiscipliné de sa progéniture.

Soudain, le nez plaqué à la vitre, Lubin se met à embuer celle-ci puis y dessiner d’étranges figures toutes en poils et en cornes torsadées.

— C’est quoi ? S’informe sa jumelle.

— Des licornes, répond son frère.

— Pourquoi ?

— Parce que j’espère que mon dessin va les intriguer et les faire venir.

— Ah ? Mais ça n’existe pas ces bêtes-là ! C’est papa qui l’a dit.

— L’une d’elles m’a visité en rêve et m’a expliqué comment l’aider à apparaître.

— Eh bien moi, je ne crois que ce que je vois.

— Alors attends et sois patiente. Je suis sûr que ça va marcher, affirme du haut de ses dix ans son ainé de quelques minutes

Puis Lubin se met à murmurer entre ses dents des mots bizarres. Intriguée Auriane l’écoute tout en scrutant l’orée touffue de la sylve. Les secondes succèdent aux secondes usant le calme de la petite fille. Tout à coup, une lumière éblouissante surgit de nulle part au milieu de la clairière. En son centre une forme  mouvante bourgeonne, se tordant et distordant sans cesse. Les jumeaux bouche-bée contemplent l’étrange apparition. Dans un flot de particules or et azur, l’image se stabilise : C’est une licorne. Caracolant joyeusement, cette dernière agite sa longue crinière blanche, comme pour les inviter à la retrouver. Les deux polissons se regardent, hochent la tête de concert, pour finalement se précipiter dehors. Oubliées les recommandations parentales. L’aventure les tient bien ficelés à elle et les entraîne à dos de cheval extraordinaire.

Matin assommant-

Deux enfants indociles

Et la clef d’un conte

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MMR ( tous droits réservés)

* Besson : synonyme de jumeau

Merci pour tous vos commentaires qui font vivre ce blog. Je les lis toujours avec un immense plaisir 🙂

5 juin 2024

Renga n°6

Filed under: l'herbier de poésie,mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Étiquettes : — Martine @ 6 h 12 min

Voici un Renga à quatre mains avec ma blogopote Annick. Retrouvez son blog en cliquant ici: ABC.  

Ce fût comme un ping-pong entre nous.  Très agréable.

 

odeurs d’autrefois  (ABC)
infusant
nos souvenirs d’enfance

le café noir de Mamie (Martine)
papi sourit, s’en délecte.
,
sous les étoiles- (Martine)
les enfants sages écoutent
contes et mythes

promenons-nous dans les bois (ABC)
le loup ne s’y cache plus
,
un oiseau s’envole (ABC)
derrière un bonhomme nuage
le ciel se raconte

heureux, le nez face aux cieux, (Martine)
s’inventer du fantastique
,
un tilleul en fleurs   (Martine)
mille abeilles à la besogne
sur le chant des cigales

comme un refrain estival (ABC)
pourchassant les jours de pluie
,
trop pâle soleil (ABC)
sur les épis de blé dur –
lézards en balade

au loin, une moissonneuse (Martine)
ici, ah le beau farniente !
,
l’azur retrouvé (Martine)
aller cueillir des fraises
estomacs en fête !

cousinage enraciné (ABC)
au cœur de nos grands-parents
,

MMR ( tous droits réservés)

7 avril 2024

Vous avez dit printemps?

Filed under: mini poèmes, Haïkus, tanka, haïbuns... — Étiquettes : , , , , , — Martine @ 7 h 57 min

 

Où es-tu?

Que fais-tu

Y es-tu?

Le printemps s’en vient lentement, comme indécis. Parfois chaussé de ballerines, il esquisse un entrechat. A d’autre moments, ses pieds éthérés lestés de grosses bottes, il joue à cloche-pieds parmi les nombreuses  flaques, cadeaux d’une surabondance de giboulées.

Je contemple, morose, depuis ma fenêtre, cette grisaille ruisselante. Certes, le jardin est heureux de toute cette manne liquide qui tombe du ciel. Mais moi, j’ai faim de chaude lumière.

Lorsque soudain, un coup de tramontane vient déchirer l’épaisse couche nuageuse. Le soleil apparaît, mutin, gommant ma mélancolie. La nature étincelle. Les couleurs resplendissent. Narcisses, tulipes, pissenlits, pâquerettes se haussent, brillent à qui mieux mieux pour séduire abeilles et papillons.

Le cerisier du voisin  tend vers l’azur sa belle tête neigeuse. Tandis que les pruniers de l’allée communale rosissent de plaisir sous les caresses dorées de Phébus.

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fleurs de cerisiers-

les abeilles travaillent

et moi… je lézarde

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MMR ( tous droits réservés)

Merci pour tous vos commentaires très appréciés et motivants 🙂

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