Les voyages immobiles… … de Martine Madelaine-Richard

8 août 2021

O sole mio

Filed under: animaux, insectes... — Étiquettes : , , , , , — Martine @ 4 h 35 min

Quelques pas entre les massifs, le nez délicieusement chatouillé par maints parfums… La beauté d’une couronne de pétales flamboyants capture le regard.  La neige d’une autre fascine par sa pureté odoriférante. Tandis que le promeneur s’émerveille , dans son dos, une tragi-comédie déroule son scénario lilliputien.

« O sole mio

Sta ‘nfronte a te.. »

Un graphosome italien ténorise auprès de sa belle.

« Hé! Non mais voyez un peu ce balourd! Au lieu de chanter, tu ferais mieux de me libérer!  Je suis pri-so-nniè-reeee! » s’égosille la demoiselle en détresse.

« Oh que non! Pour une fois que je peux clamer mon amour sans que tu t’échappes.

O sole mio… »

 

Une punaise verte ponctuée, Nézara viridula, louche sur ce drôle de Roméo. L’hétéroptère est choquée par ce manque évident de galanterie.

« Ce ne sont pas des manières » marmonne-t-elle.  « Le goujat! Sur une échelle de 0 à 10, je lui mets 20! »

Derrière cette scénette tout à fait étonnante, au bord de l’ovale aux iris, trois coléoptères s’empiffrent sans complexe. Soudain l’un d’entre eux, dérangé sans doute par le ténor des prairies désertées, se relève alarmé.

« Les gars, il se passe quelque chose de pas net là-bas! Vous n’entendez pas ces cris?  Du rouge, du noir: ça s’agite méchamment. »

Le cétoine doré (Cetonia aurata) est trop affairé pour  répondre. La seconde, la cétoine noire ( Netocia morio ) plus vigilante s’informe :

« S’agit-il d’une réduve? »

« Non, d’une rayée » répond aussi sec le naïf téléphore roux ( Rhagonycha fulva).

Du fond de sa gamelle fleurie, le cétoine doré daigne mollement se manifester.

« Bof!  Aucun intérêt.Tais-toi et mange! »

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MMR ( tous droits réservés)

1 août 2021

Bourdon

Filed under: animaux, insectes... — Étiquettes : , , , , — Martine @ 6 h 26 min

Tandis que Sol crépite

Son humeur estivale

Que sa manne dorée

Sublime chaque fleur

Bourdon, indifférent

Vendange et pollinise

Mille et un cœurs pollen

Accordés sans crédit…

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MMR ( tous droits réservés)

Merci pour vos commentaires très très appréciés.

La fleur jaune est une molène à feuilles sinuées. Sa touffe est énorme pour le plus grand plaisir des bourdons , abeilles et autres insectes. Elle a été semée par le vent.

25 juillet 2021

Valse

Filed under: Poèmes — Étiquettes : , , , , , — Martine @ 5 h 25 min

Papillon translucide

Ma pensée virevolte

Valsant aux bras du vent

Cavalier éthéré.

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Tourbillon fabuleux

La danse nous entraine

Sur un tapis de lune

Velouté d’utopie.

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Balancés, entrechats

Figures inédites

S’accordent au rythme lent

Des notes astrales.

MMR ( tous droits réservés)

11 juillet 2021

Le yucca

Filed under: Poèmes — Étiquettes : , , , , , , , , — Martine @ 2 h 21 min

Ébène acéré

Lames aiguisées au sable du désert

Les feuilles du yucca cisèlent leurs mots brûlés.

Âpre sévérité

Sa tête ébouriffée se conte et se raconte

Quelques légendes cuivre.

Là-bas

Au flanc pourpre et cendré

Du Grand  Cañon

Un loup, s’assimilant au décor

Laisse errer son regard doré.

Près de lui, le jour avance peu à peu

Révélant la silhouette recueillie

D’un vieil indien parcheminé.

Envoutantes, les notes de sa flûte*

S’accordent à l’éloquence solaire…

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MMR ( tous droits réservés)

* sur  une musique amérindienne ICI 

Merci pour vos commentaires que je découvre toujours avec un immense plaisir.

4 juillet 2021

Le château de Puilaurens

En compagnie d’une amie très chère, nous avons visité le château de Puilaurens (Castèl de Puèglhaurenç en occitan) . Cette forteresse impressionnante se situe à la limite départementale de l’Aude et des Pyrénées Orientales. Pour en savoir plus: ICI

La pente du chemin menant au château

est raide.

Très raide!

Très très raide!

Il faut prévoir d’excellentes chaussures de marches. Ce que nous avions fait. Heureusement pour nous.

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Nous traversons une forêt de pins sylvestres et autres essences. Parfois un panneau en bois indique le nom d’un arbre ou d’un buisson. Le lieu est sauvage, si abrupt que les mots ne sortent pas. Je reste muette d’admiration. Mais, surtout, je garde mon souffle pour suivre mes compagnons qui vont sur un rythme plus rapide. Un escalier d’accès assez ardu permet d’atteindre enfin ce nid d’aigles.

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Bâti à 697 m d’altitude, le castel domine la vallée de la Boulzane. Celle-ci descend du haut Fenouillèdes où se situe l’ancienne frontière entre les royaumes de France et d’Aragon ( puis d’Espagne). Le chemin d’accès se développe en lacets pour assurer une montée régulière des hommes et des bêtes de somme. Certains passages montrent encore des traces de calade*. Une série de murs disposés en chicanes, percés d’ouvertures de tirs pour armes à feux, protègent la montée.

Nous voici au pied des remparts.  Sous un ciel d’émail, leur à pic domine, écrase le visiteur assez hardi pour venir troubler leur paix.

Passé la porte d’entrée, nous traversons une courette délimitée par des murs percés de nombreuses meurtrières.

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L’espace intérieur du château se répartit   principalement en trois niveaux. Le point culminant du site est occupé par un espace puissamment fortifié abritant le donjon et les principaux vestiges de bâtiments d’habitation. Cet ensemble surmonte une vaste cour d’environ 60m de long pour 25m de large., délimitée par une muraille épousant le tracé du rocher. Enfin, au Nord-Est,  un espace inférieur ouvre sur une poterne.

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Pour accéder à la porte d’entrée de  l’enceinte supérieure il fallait passer sur un pont de bois dont les supports en pierre sont encore visibles.  Un mur défensif masquait la porte d’entrée. Il était percé d’archères dont les bases sont conservées. La porte elle-même était protégée par un assommoir.

Mon imagination galope comme un cheval fougueux.  J’entends le brouhaha d’une multitude de soldats, de chevaliers, de réfugiés  fuyant les armées du Roi.  Que cache l’ombre aussi charbonneuse que l’âme de Simon de Monfort?

 

 

 

 

 

 

 

 

Un trou au noir abyssal et troublant me glace les os.

Un escalier, actuellement coupé par un mur, permettait d’accéder aux latrines dont les larges conduits descendent dans l’épaisseur du rempart. Une brèche permet de voir l’intérieur de la citerne. Sa contenance est d’environ 25 m3. Deux autres citernes sont encore visibles dans le château.  Elles étaient alimentées par l’eau de pluie récupérée depuis la vaste surface des toitures couvrant les bâtiments. Acheminée par des canalisations de plomb ou d’argile, l’eau traversait, à l’entrée de la citerne, un système de filtrage à base de gravier, de charbon, ou de scories de forge. 

Nous admirons la tour de la dame Blanche. Baptisée ainsi en honneur de Blanche de Bourdon, petite nièce de Philippe le Bel qui s’est arrêtée au cours d’un voyage à Puilaurens.

Comme une célébration, la nature fleurit les marches  peut-être foulées par les pas de cette auguste Dame. Dans bien des châteaux, un fantôme traine son suaire. Puilaurens n’échappe pas à cette tradition. On raconte, que, depuis son assassinat ( commandé par son mari  le roi Pierre le cruel), Blanche apparaitrait sur les remparts, certaines nuits, sous la forme d’une vague lueur .

Quelque chose se dégage de tous ces remparts, créneaux, mâchicoulis et autres  barbacanes. Des cathares ont été hébergés ici entre 1245 et 1246. J’aime à croire qu’un peu de leur essence imprègne encore cette forteresse que n’a jamais pu prendre Simon de Monfort.

Nous redescendons un peu plus riches, un peu rêveurs aussi . La fraicheur fragile de quelques anémones hépatiques  éclaire le couvert des arbres.

 

 

 

Quel contraste avec la rudesse de ce que nous venons d’explorer.

 

 

 

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MMR ( tous droits réservés)

* calade: rue ou chemin pavé de galets ou de pierres

**: mots en italique tirés des panneaux explicatifs vus sur le site

27 juin 2021

Termes

Filed under: Promenades ici et ailleurs... — Étiquettes : , , , — Martine @ 1 h 00 min

Au printemps 2017,  avec quelques membres de l’association de poésie Terpsichore, nous avons passé un week-end découverte au fin fond des Corbières.  Nous logions dans un gite très sympathique  qu’avait réservé notre présidente.
La première journée fût consacrée à la visite du village de Termes, son château et d’une  balade sur un chemin de randonnée.

 

Le château médiéval de Terme ( vue depuis le village) .

Perché sur son roc, il domine les gorges du Termenet et les gorges de Coyne Pont. En 1210, il subit le siège mené par Simon de Monfort lors de « la croisade contre les albigeois ». Réaménagé ultérieurement, il deviendra une forteresse royale destinée à protéger le sud du royaume.

Vue sur l’angle nord ouest du château

Pour en savoir plus voici des liens très intéressants:

L’histoire du château de Terme

Les seigneurs de Terme

Le siège de 1210

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Le village est ravissant, extrêmement  pittoresque.  Ruelles étroites, escaliers fleuris.

Sous un soleil de feu, nous déambulions,  recherchant l’ombre mouvante et mystérieuse de l’histoire occitane.

 

C’est ainsi que nous pénétrâmes dans la jolie petite église « Notre Dame de Termes ». Périodes de construction: 12ème siècle, 19ème siècle

Ses murs font un mètre d’épaisseur.

L’édifice est voûté en berceau brisé reposant sur des arcs doubleaux

Plus de renseignements ICI

 

L’après-midi,  balade sur une partie du GR 36.  Bien que je fus  parfaitement chaussée, ce fût parfois difficile. Et même carrément sportif à un endroit. Misère! Mais je ne regrette pas car ce chemin de grande randonnée m’a offert de magnifiques surprises.  Ces fleurs de la garrigue  que l’on voit partout et que je retrouve toujours avec plaisir. Mais surtout de merveilleuses orchidées que jusqu’à ce jour je n’avais vues  que dans les livres ou sur internet. Plus quelques petits glaïeuls indigènes ( qui poussent également dans mon jardin)

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1:comme surgissant du rocher: Néotina orchis ustulata? ; 2: la blanche:  orchis provincialis?; 3: blanche et parme, un peu floue hélas: non identifiée; 4:  pourpre et blanc moucheté pourpre: orchis purpurea?; 5: vert clair striée de brun: orchis antropophora?; 6: glaïeul

Les paysages étaient somptueux! Quelle vue à couper le souffle parfois au sommet d’un rocher dominant les gorges

A la fin de notre parcours, épuisés, les muscles tremblant de fatigue, nous nous laissâmes tomber sur le parapet au bord de la route. A deux pas gazouillait une petite rivière: le Sou. La fraîcheur de l’air à son contact nous fit un bien fou.

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MMR ( tous droits réservés)

Merci pour tous vos commentaires que je lis avec un immense plaisir.

😉

20 juin 2021

A la fête aux fourmis

Filed under: animaux, insectes... — Étiquettes : , , , , — Martine @ 4 h 45 min

Il faut que je vous raconte quelque chose que je n’avais jamais vu.

Cette semaine, par trois fois, en fin de journée, des fourmis noires se sont mises à circuler en tout  sens, très excitées, sous et autour de la porte fenêtre de notre salle de séjour.  Des petites, des moyennes, des grosses; et des très grosses ailées. J’ai pensé à un essaimage.  Pour le moment, rien que de très banal me direz-vous.

Toute cette agitation, cette exubérance, a attiré  un lézard, puis un second, plus petit. Là aussi, rien d’extraordinaire. Au même endroit, l’an dernier, j’avais déjà remarqué  la fête à la fourmi pour ces sympathiques reptiles ( au moins sept ou huit) . Ils avaient fait bombance.

Mais tout ce remue-ménage a retenu l’attention de gros yeux affamés. Et un! Et deux! Et trois geckos  s’invitant sans façon! Plus un quatrième alerté par cette partie de chasse à domicile.

Et je file à droite. Et zou! Je fonce à gauche! Les nouveaux venus ont un appétit d’enfer et semblent vouloir occuper tout l’espace.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tous les lézards ont disparu, sauf un.  Il avance, mine de rien,  espérant capturer un alude* grassouillet à souhait.  Mais les geckos ne sont pas d’accord pour partager cette manne. Mais alors, pas du tout,  du tout!

Ils se dressent lentement sur leurs pattes, bombent le dos et avancent vers le lézard en se tenant de profil.  Je suis désolée de n’avoir pu réussir le cliché où ils sont étirés à leur maximum.  C’était une scène saisissante. Le pauvre lézard n’a pas insisté et a filé vite fait.  Les quatre geckos ont poursuivi leur repas pantagruélique  jusqu’à l’arrivée surprise de quelqu’un qui a mis tout le monde en fuite.

Monsieur Merle!  Le bec encore noir du terreau de mes carrés potagers qu’il fouille sans vergogne.

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MMR ( tous droits réservés)

* alude: nom donné, en Provence,  aux fourmis ailées .  Marcel Pagnol en a si joliment parlé.

13 juin 2021

Horizon

Filed under: Anthologies éphémères — Étiquettes : , , — Martine @ 4 h 24 min

Après « l’atelier de Mijoty » ( Mai 2011), « La boite à rêves » (Novembre 2011), « La marguerite des possibles » ( septembre 2013), « Le mariage » (juillet 2015), « Le voyage » (Octobre 2017), « Les métiers improbables( 2019), les anthologies éphémères sortent un septième titre « Horizon »

 

 

Ce titre est à commander chez Quichottine, ICI , souscription jusqu’au 15 juin! Plus que deux jours! Plus tard, vous pourrez le trouver chez  thebookedition  ICI

Nous sommes 91 auteurs a avoir participé à la rédaction de ce livre dont les droits seront intégralement reversés à l’association « Rêves »

Nous espérons, comme avec les précédentes  parutions, réaliser le rêve d’un enfant gravement malade.

Un livre pour redonner le sourire!

Un livre pour sourire et faire rêver!

Merci à Quichottine pour tout ce qu’elle fait!

Merci à Solyzaan pour toutes ses belles illustrations.

MMR

Cric! Croc! Crac! Et quelques rires…

Filed under: Océan et Bassin d'Arcachon — Étiquettes : , , , , , , , , — Martine @ 3 h 15 min

 

 

Cric! et croc!

Pomm’ de pin

Pour la faim

De p’tit roux

Qui s’fout d’ tout

C’qui n’est pas

Son repas!

 

 

Cris et rires

Enfantins

Jappements

D’un bon chien

Tout au jeu

D’être heureux

Avec eux.

 

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Crac! Et grince

Le bateau

A l’attache

Rêves à l’eau

Il languit

De voyages

Au long cours

 

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MMR( tous droits réservés)

6 juin 2021

Doré comme…

Lever doré. Phébus sort nonchalamment de sa couette nuageuse.  Il promène sur le monde un regard incandescent, insoutenable. Mais paradoxalement, ce que ce feu fait du bien.  L’or solaire coule, ruisselle, allume des reflets mordorés sur ma peau, sur l’eau du Bassin. Richesse d’un instant proche de la perfection.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette couleur si précieuse, d’autres ont décidé de la « chiper » à l’astre du jour.  Je la retrouve aux pétales d’un sedum, d’un pissenlit, d’une giroflée. Mais également sur la somptueuse tenue de gala d’une minusculee araignée saltique; sur le corset d’un syrphe * ou d’une  toute petite abeille sauvage.**

Les jours où le mauvais temps s’éternise, cette teinte fait tant rêver à l’été.  Je lui cherche des synonymes qui roulent sur la langue comme autant de bonbons: ambré, blond, fauve, cuivré, vermeil, safran… Le vent agite les jaunets de mes tomates poires. Or sucré, juteux, si frais: une vraie gourmandise!

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MMR ( tous droits réservés)

* syrphe: mouche appartenant à l’ordre des diptères

** peut-être une halicte?

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